Kell est le dernier des Visiteurs, des magiciens capables de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est le centre à chaque fois. Le nôtre est gris, sans magie d’aucune sorte. Celui de Kell, rouge, et on y respire le merveilleux avec chaque bouffée d’air. Le troisième est blanc : les sortilèges s’y font si rares qu’on s’y coupe la gorge pour voler la moindre incantation. Le dernier est noir, noir comme la mort qui s’y est répandue quand la magie a dévoré tout ce qui s’y trouvait, obligeant les trois autres à couper tout lien avec lui. Depuis cette contagion, il est interdit de transporter un objet d’un monde à l’autre. C’est pourtant ce que va faire Kell, un chien fou tout juste sorti de l’adolescence, pour défier la famille royale qui
|
l’a pourtant adopté comme son fils, et le prince Rhy, son frère, pour qui il donnerait pourtant sa vie sans hésiter. Et un jour, il commet l’irréparable : il passe une pierre noire comme la nuit dans le Londres gris où une jeune fille du nom de Lila la lui subtilise.
Mais la magie n’attire jamais à elle personne par hasard !
Mais la magie n’attire jamais à elle personne par hasard !
Honte à moi, je n’avais encore jamais entendu parler de la célèbre saga de V.E Schwab, Shades of Magic. Ce n’est qu’une fois sa version française publiée aux éditions Lumen que je me suis aperçue qu’elle était l’objet de grands éloges sur la blogosphère, que ce soit chez les chroniqueurs anglophones et francophones. Je trépignais donc d’impatience à l’idée de découvrir ce roman.
Kell est un être à part. Il est l’un des seuls à pouvoir voyager entre différents mondes parallèles. Dans chacun d’entre eux, il n’y a qu’une seule constante : une version différente de Londres. Kell peut donc pérégriner entre le Londres rouge ou le Londres gris, en passant par le Londres blanc. En revanche, il ne se rend jamais dans le Londres noir. La seule chose qui relie ces différentes versions de Londres est la magie. Parfois absente ou au contraire abondante, Kell sait s’en servir comme personne. Le jeune homme est le fils adoptif du couple royal du Londres rouge, et s’il ne sait pas grand-chose de ses origines, il est néanmoins un fervent collectionneur. C’est pourquoi il apprécie tout particulièrement de troquer différents objets provenant des mondes, bien que ce soit illégal. Un jour, son petit hobby l’entraîne loin. Trop loin. Malgré lui, Kell ramène quelque chose qu’il n’aurait jamais dû prendre et qui est susceptible de mettre les mondes en péril.
Dès les premières pages, quelque chose m’a immédiatement sauté aux yeux : V.E Schwab joue dans une cour bien particulière. En fait, elle est facilement hors concours. Un roman comme celui-là, je n’en avais pas lu beaucoup et c’est sans doute ce qui fait de Shades of Magic une histoire aussi appréciée par ses lecteurs.
L’univers est un des multiples et innombrables points forts de l’intrigue. Tout est riche, très élaboré, très imagé. Les atmosphères sont décrites d’une telle manière que l’on se retrouve complètement propulsé sans même y prêter attention. V.E Schwab a un don pour instaurer une ambiance. Je n’ose imaginer le travail que la construction d’un tel roman a dû demander. Chaque Londres a ses particularités, ses coutumes, sa langue, son cachet. Rien n’est jamais fait au hasard et on se plait à déambuler dans les dédales de ces mondes au côté de Kell, malgré le danger qui rôde.
À mon grand plaisir, les personnages ne m’ont pas déçue. L’auteur ne joue pas la facilité, puisqu’elle nous dépeint un Kell très énigmatique, presque effacé, dans ces vastes mondes. J’ai adoré son petit côté torturé et mélancolique. Sans être déprimant, ça le rend bougrement attachant. Il dégage également un magnétisme assez impressionnant, et même si durant une partie du roman on investit ses pensées, ce n’est pas pour autant qu’il nous dévoile tous ses secrets. Un voile de mystère plane au-dessus de lui et de son passé.
Lila est la tornade du roman. Une pile électrique qui ne reste jamais en place, une anti-héroïne par excellence. Accro à l’aventure et à l’adrénaline, Lila nargue le destin et va au-devant des dangers avec une détermination remarquable. Pourtant, quand on creuse bien profondément, on s’aperçoit qu’elle est plus qu’une casse-cou, plus qu’une tête brûlée. Et le duo improbable qu’elle forme avec Kell m’a conquise de bout en bout.
Du reste, la plume de V.E Schwab a fini de me convaincre. J’ai particulièrement aimé le fait qu’elle n’infantilise pas le lecteur (quelque chose que l’on voit trop en fantasy actuellement). Son univers est noir et dur, mais il comporte sa part d’éclaircis. Le tout est justement dosé. L’écriture est une vraie merveille, riche et captivante, elle n’est en rien pompeuse, mais très soignée, collant parfaitement avec les univers qui sont représentés.
REMERCIEMENTS
Très grand merci à Emily et Lumen pour leur confiance.