Sous les ruines d'un monde ancien grouille la vie... Dans une ville croulante, sur une planète mourante et oubliée de tous, le jeune Annelyn profite de la fête organisée à l'occasion de la nouvelle Mascarade solaire. Superbe dans son costume de soie, son arrogance est à la hauteur de sa beauté. Quand il est moqué devant ses nobles amis par le Viandard, chasseur de grouns, il échafaude un plan de revanche. Mais la terrible vérité qui se cache derrière l'histoire de son ennemi va transformer sa tentative en une inexorable descente aux enfers...
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Avec cette novella de 136 pages à peine, George R.R. Martin, un des plus grands auteurs de la fantasy telle qu’on la connaît aujourd’hui, nous régale une fois encore. Écrite il y a plus de 40 ans, elle retrouve une nouvelle jeunesse dans ce format en semi-poche publié aux éditions Pygmalion. Ayant adoré et dévoré l’excellent premier volume du Trône de fer, je n’avais pas le moindre doute quant à la qualité de cette histoire. Et j’ai eu du flair, car Martin m’a entraînée dans des souterrains dont j’ai bien cru ne pas revenir !
Dans la Maison du Ver raconte l’histoire de deux peuples qui se détestent et se dévorent les uns les autres. D’un côté, il y a les grouns, de l’autre, les yaga-la-hai. Annelyn est un jeune homme bien mis, connu pour sa beauté sans pareille et ses traits d’esprit. Il en tire un certain orgueil et ne manque pas d’en faire étalage. Cependant, un jour où les yaga-la-hai font la fête, il se fait moucher par celui que tout le monde appelle Le Viandard, le seul homme capable de s’aventurer dans les souterrains pour chasser et ramener de la viande de groun. Humilié et piqué dans sa fierté, Annelyn décide de lui faire payer son insolence en se vengeant. Ce qu’il ignore, c’est qu’en le suivant dans les confins de cette terre, il risque de se perdre lui-même, pour ne plus jamais en sortir.
George R.R. Martin nous offre là une novella riche, qui mise sur la tension permanente et une angoisse que l’on trouve à chaque encoignure. On navigue entre deux eaux, cherchant à lever le voile sur des secrets ancestraux, tout en sentant le danger qui gronde, proche et indiscernable.
Je ne m’attendais pas à découvrir quelque chose d’aussi élaboré et immersif en l’espace de 136 pages. L’oppression est le maître-mot de cette intrigue, pourtant, je me suis un peu perdue au début. J’avais du mal à visualiser ce culte du Ver Blanc, tout me paraissait étrangement nébuleux. Avec du recul, je pense que c’est exactement ce que souhaitait l’auteur : perdre un peu son lecteur pour lui donner envie de comprendre le pourquoi du comment.
Si le héros est un affreux bonhomme bouffi d’orgueil, on finit néanmoins par se prendre d’affection pour lui. Sa descente aux enfers provoque invariablement une certaine empathie, contrebalancée par ce sentiment de claustrophobie et d’angoisse qui monte chaque fois d’un cran. J’avais sincèrement envie de savoir ce qui attendait Annelyn et de percer les secrets de ces civilisations avec lui, mais j’étais également submergée par ce besoin de prendre mes jambes à mon cou au plus vite. C’est un héros tout en nuances, dans la peau de qui on peut se mettre sans problème.
George R.R. Martin joue sur les petites frayeurs, les grandes peurs et nous projette dans des situations inextricables, qui nous prennent aux tripes. Les descriptions sont d’une richesse délicieuse, un peu plus et je m’y croyais définitivement. L’émotion est également au rendez-vous puisque je n’ai eu aucun mal à m’approprier les sentiments d’Annelyn, comme si je vivais moi-même son cauchemar.
La fin laisse un arrière-goût de fable. J’ai trouvé ça à la fois surprenant et très bien amené. Je ne cache pas que j’en aurais bien aimé davantage, mais c’est un final d’une telle sobriété que ça tranche bien avec ce que l’on pouvait s’imaginer au départ. Par ce biais, l’auteur nous met face à des principes et des valeurs très intéressants, que l’on peut également retrouver dans Le trône de fer.
En résumé, George R.R. Martin m’a totalement conquise avec Dans la Maison du Ver. J’ai sauté à pieds joints dans cet univers anxiogène qui se veut tour à tour glauque et irrespirable. Cette novella d’une centaine de pages nous entraîne dans les dédales d’un monde oublié et mystérieux, où les plus infimes lueurs peuvent constituer une source d’espoir. |
REMERCIEMENTS
Un grand merci aux éditions Pygmalion pour cette superbe découverte !
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