L’esprit est semblable à l’eau.
Calliope est comme cette mer noire au loin, agitée par des vents contraires. La tempête s’est levée sans qu’aucun nuage n’apparaisse. Elle était belle leur amitié, oui elle était. Jusqu’à cet "au revoir". C’est alors que son horizon s’est obscurci, perdant tout point de repère. Comment accepter la perte d’une amie quand celle-ci décide de partir sans explication ? Comment vivre au quotidien lorsqu’on ne sait même pas qui l’on est? D’ailleurs, quand nous cachons des secrets, pouvons-nous être sûrs que notre entourage n’en cache pas également ? Plongez dans les eaux troubles de Ondes. |
Je lorgnais sur Ondes depuis quelques temps. J’avais déjà vu l’ancienne couverture, mais celle-là, mamama, quelle merveille. Je tombe sur pareil livre en librairie, je ne réfléchis même pas, je passe en caisse ! Du coup, quand Déborah est venue me trouver pour le proposer en partenariat, je n’ai pas hésité un quart de seconde, j’ai dit oui !
J’ai commencé ce roman juste après ma lecture de Avant toi, de Jojo Moyes. Grave erreur. Non seulement ce sont des genres diamétralement opposés, mais en plus, je n’étais pas tout à fait remise de mes émotions. J’ai donc eu quelques difficultés à m’immerger dans l’univers au début. Heureusement, au bout d’une centaine de pages ça allait mieux. Ça n’avait rien à voir avec l’histoire en elle-même, c’était surtout les circonstances dans lesquelles je lisais qui n’étaient pas idéales. Je vais donc tâcher de rédiger un avis objectif.
Nous suivons Calliope, une jeune femme aux premiers abords assez ordinaire. Solitaire, elle a toujours eu des difficultés à se faire des amis et évite les foules. Il n’y a qu’Aéléna pour la comprendre, sa meilleure amie avec qui elle a lié une amitié solide et très profonde. Mais aussi Daniel, son petit-ami, qui semble être la personne qui lui a toujours été destinée. Atteinte de phobie sociale, Calliope dissimule un don qui lui rend la vie dure. Son existence commence à basculer lorsque sans crier gare, Aéléna décide de couper contact avec elle pour de bon. Déjà très fragile, cette séparation rend Calliope plus vulnérable que jamais. Sans compter qu’un soir, elle et Daniel se font agresser par de mystérieux individus. La jeune fille va alors découvrir un univers qu’elle n’avait jamais suspecté et surtout fuir une organisation qui cherche par-dessus tout à mettre la main sur elle.
J’ai bien aimé cette histoire pour beaucoup de raisons. Il y a eu par contre de petites choses qui m’ont un peu dérangée, même si dans l’ensemble, j’ai passé un agréable moment. Pour commencer, j’ai trouvé la trame très bien ficelée. L’univers fantastique qui se met en place autour de Calliope est intéressant à découvrir et bien souvent séduisant. L’auteur a de nombreuses idées, qu’elle pose de façon habile. Pour ça c’était une bonne surprise.
Il y a également une bonne dose de mystères qui titille et donne envie de lire toujours plus vite pour connaître le fin mot. Et puis les choses sont construites sans précipitation, on découvre les secrets à tâtons et l’auteur nous laisse le temps de nous familiariser avec le concept. Les enjeux sont également conséquents et on se sent à plusieurs reprises sur la corde raide.
Il y a du bon dans cette histoire, mais aussi du moins bon. Déjà, je salue l’effort, car on sent que l’auteur a cherché à modeler une héroïne vulnérable et atypique. Une héroïne phobique… J’avoue n’avoir jamais vu ça nulle part en fantastique, et c’était une bonne idée. Mais qui dit phobie, dit personnalité à tendance nombriliste. En fait, inclure un trouble mental chez Calliope était à double tranchant. Je comprends ses souffrances, j’essaie d’imaginer à quel point ça doit être corsé de se retrouver dans sa position. Elle prend les souffrances des autres pour les faire siennes. Mais de ce fait, on a parfois l’impression qu’elle a une vision des choses très étriquée. Elle ne pense qu’à elle, elle a tendance à s’isoler des autres et à ruminer son mal-être. Et c’est un peu lassant de se retrouver dans cette situation, avec une héroïne peu ouverte d’esprit. Heureusement, par la suite ça vient à s’améliorer.
Un autre point la concernant m’a également chiffonnée. Comme je le disais, Calliope est tellement enfermée dans ses tourments qu’elle devient la reine de l’introspection. Ce qui peut parfois créer des longueurs qui m’ont par moment ennuyée. C’est intéressant de savoir ce qu’elle pense, mais c’était un peu trop, pour moi. J’aurais aimé une juste mesure.
Alors bien sûr, il y a d’autres personnages. Certains qui se démarquent bien, comme Julian que j’ai trouvé particulièrement énigmatique et touchant, et d’autres qui nous mettent parfois mal à l’aise, comme Aéléna. Avec elle, je ne savais pas trop sur quel pied danser et j’ai bien aimé l’incertitude que l’auteur distillait par-ci, par-là.
J’ai trouvé la plume de Déborah simple et plutôt juste. Une certaine poésie subsiste derrière ses mots, surtout à la fin, que j’ai particulièrement appréciée. Bien sûr, j’aurais sans doute été plus transportée s’il n’y avait pas eu les longueurs qui alourdissaient le récit par moment, mais en dehors de ça, je trouve que l’auteur a un fort potentiel et une belle imagination.
En résumé, Ondes m’a propulsée dans un univers inédit. C’est un premier tome qui pose les bases et qui marque des points avec une héroïne pas comme les autres et des éléments fantastiques originaux. Le début est un peu lent, on déplore parfois des longueurs, mais la fin reste magnifique et donne très envie de poursuivre l’aventure. C’est une jolie découverte en ce qui me concerne.
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PLUMES DE RÊVE