Bizerte, Tunisie
Un soir d’hiver, la jeune Lina Ben Slimane et son professeur de physique s’attardent dans leur lycée pour revoir une leçon. C’est alors qu’un violent orage se déchaîne et plonge la ville dans le noir. Pendant qu’ils essaient de quitter l’établissement, des monstres sortent de la remise et agressent le professeur. On le retrouve sérieusement blessé le lendemain matin. La police mène l’enquête mais n’y comprend rien. Lina, qui a été retrouvée endormie dans la remise, ne peut pas l’aider car elle a perdu la mémoire. Un peu plus tard, par une nouvelle nuit d’orage, une paire d’yeux maléfiques apparaît dans sa chambre. C’est pour la jeune fille le début d’une plongée dans l’épouvante. |
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Lorsque les éditions Artalys ont dévoilé la couverture de ce livre, j’ai tout de suite eu envie d’en savoir plus. J’étais dans une période où je recherchais quelque chose d’un peu dark, à cheval entre l’horreur et le suspens, et cette histoire semblait être en tout point ce que je recherchais. Malheureusement, je suis ressortie de ma lecture extrêmement déçue.
Lina est une jeune Tunisienne qui étudie dans un lycée pour filles. C’est une adolescente sans problème, à qui il n’arrive rien de bien particulier habituellement. Mais un soir, alors que son professeur de physique – la trouvant un peu trop dans la lune – lui demande de rester à la fin du cours, une coupure d’électricité plonge le lycée dans le noir. De drôles de choses se mettent alors en place autour de nos deux protagonistes, et le lendemain, le professeur de Lina est retrouvé inconscient et mal en point. D’après ses dires, lui et la jeune fille ont été agressés.
Si les explications du professeur sont floues et à la limite de l’onirisme, il n’en demeure pas moins que Lina, elle, a bel et bien disparu. C’est un peu plus tard, alors que la police mène l’enquête, que cette dernière est retrouvée endormie au fond d’une remise. Mais le doute persiste. Qu’est-ce qui les a attaqués ? Qui est derrière tout ça ? Est-ce que le professeur de Lina a perdu la tête ?
Toujours est-il que la jeune fille n’est pas au bout de ses peines et que le mystère s’épaissit autour d’elle, rendant son existence de plus en plus dangereuse, que ce soit pour elle ou pour ses proches.
J’ai commencé le livre très emballée. L’ambiance est rapidement devenue lourde et propice aux questionnements en tout genre. Au début, le décor planté m’a beaucoup fait penser aux petits romans de la collection “Chair de poule”, que je lisais quand j’étais petite. Tous les ingrédients étaient réunis pour coller les miquettes. Malheureusement, passé le premier chapitre, j’ai rapidement déchanté, car beaucoup d’éléments m’ont chiffonné.
Il y avait d’abord de nombreuses incohérences que j’aie pu relever. Sans être vraiment dans le métier, j’ai senti que le policier qui menait son enquête ne se comportait pas vraiment comme un policier. Certaines de ses réactions ou de ses questions manquaient de réalisme. Ensuite, concernant les médecins qui entraient en scène dans l’histoire. Un policier n’obtiendra jamais d’informations d’ordre médical par téléphone. Ensuite (et là j’entre encore plus dans le détail, mais pour moi ça a son importance), une personne qui a de la fièvre ne cyanose pas. Et lorsqu’elle a 41°C de température, le médecin ne se contente pas de lui donner quelques cachets, c’est direction l’hôpital ! Concernant les clichés sur les unités de psychiatrie (sans parler des fausses informations lâchées par les médecins), j’avoue que ça m’a un peu hérissé le poil. Ça manquait de recherche au niveau de ces sujets qui pourtant permettent à l’enquête d’avancer, et tout cela mis bout à bout m’a empêché de vraiment apprécié l’univers en lui-même, car je n’arrivais pas à vraiment y croire.
Cependant – parce qu’il n’y a pas que du mauvais –, ça changeait de se retrouver dans une culture différente de ce qu’on a l’habitude de découvrir dans les romans de fantastique/horreur. Ici, l’auteur nous embarque en Tunisie et nous fait découvrir à travers ses personnages et leurs aventures une culture intéressante, où les liens familiaux sont plus forts que tout. C’était assez nouveau, donc plutôt rafraîchissant pour moi qui n’ai pas l’habitude.
Je dirais que le livre manque cruellement de recherche et d’approfondissement. J’ai senti qu’un gouffre aussi large que profond se créait entre moi et les personnages. À aucun moment on ne suit leurs réflexions intimes, et l’auteur a choisi de survoler cela et de laisser plus de place aux dialogues. Est-ce une question de culture, là aussi ? Je l’ignore. Toujours est-il que ça m’a quelque peu dérangé. On sent bien qu’une distance est maintenue, nous empêchant de vraiment nous identifier aux protagonistes. Il y avait aussi une certaine théâtralisation dans leur façon de parler qui rendait le tout pas très naturel. C’est dommage, parce que la trame en elle-même était bien trouvée et avait de quoi éveiller l’intérêt.
Le style est assez scolaire. On perçoit l’effort que l’auteur a déployé dans les tournures de phrase, mais le manque d’émotion est persistant. Je me suis sentie extérieure à tout ce que Lina vivait. J’ai aussi noté que certaines transitions étaient beaucoup trop saccadées. Malgré cela, je devine que Alhem Elj a du vocabulaire et de l’imagination. Mais la façon qu’elle a choisie de faire pour nous relater son histoire n’a pas eu de prise sur moi.