Il y a des vérités qui tuent...
Lorsque Quin aura prêté serment, elle deviendra enfin ce pour quoi elle s'est entraînée toute sa vie : une Seeker. Un honneur qui se mérite tout autant qu'il s'hérite. Une fois initiée, Quin pourra se battre aux côtés de ses deux compagnons les plus proches, Shinobu et John, pour protéger le pauvre et l'opprimé. Ensemble, ils iront porter la flamme au coeur des ténèbres. Et elle sera avec celui qu'elle aime, qui n'est autre que son meilleur ami. Mais la nuit ou elle prête serment, tout bascule. Les masques tombent et Quin découvre qu'elle |
a été élevée dans le mensonge. Ni sa mission, ni sa famille, ni même ses amis ne sont ce qu'elle croyait. Et il est trop tard pour faire marche arrière...
Comme j’ai entendu parler de cette saga ! Sérieusement, vous avez vu cette couverture ? Une pure merveille qui promet de belles aventures dans un décor verdoyant. Fidèle à mes vieilles habitudes, je n’ai pas lu le résumé (ou alors un chouia, histoire de me mettre dans l’ambiance). Dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment.
Les Clans Seekers, c’est l’histoire de trois adolescents qui poursuivent le même but. Quin, Shinobu et John s’entraînent depuis longtemps pour intégrer les rangs prestigieux des Seekers, un clan dont le rôle est de… de maintenir l’ordre, je dirais (même après lecture, je ne suis pas encore tout à fait rodée sur leurs fonctions). Quin est la fille du chef de clan, un homme dur et intraitable, qui oscille entre ses rêves d’accomplissement et les sentiments qu’elle éprouve à l’égard de John. John, lui, est également tiraillé, entre ses racines et ses désirs, et se trouve face à des choix douloureux. Quant à Shinobu, cousin éloigné de Quin, c’est faire le bien qui importe avant tout. Le lecteur virevolte entre les pensées de Quin, John, Shinobu et une mystérieuse adolescente du nom de Maud. Lorsque Quin et Shinobu prêtent serment, ils s’aperçoivent que l’idée qu’ils se faisaient des Seekers est totalement erronée. En réalité, ils viennent de mettre les pieds dans un engrenage qui les changera à tout jamais.
En voyant la couverture, j’ignore pourquoi, j’ai tout de suite pensé à un livre de fantasy. Après lecture de ce premier opus, je suis bien en peine de caser cette histoire dans un genre littéraire, car dès le début, je me suis sentie patauger. Les premiers chapitres ont été laborieux. L’auteur ne nous fournit aucun repère spatio-temporel. Je savais que l’histoire prenait place en Écosse, en milieu rural, dans une société qui ressemble en tout point à la nôtre, mais où les Seekers ont recours à une technologie beaucoup plus avancée. S'agit-il d'un monde alternatif ? D'un bond dans le futur ? Je n'ai pas les réponses, personnellement. Le monde est nébuleux, ses contours sont peu définis.
La trame est un peu comme une créature indomptable. Il faut s’entêter pour l’apprivoiser et pour en saisir le sens. L'auteur ne joue pas la transparence et c'est déstabilisant. Du coup, la progression est étrange, et c'est difficile de lâcher prise au début, de lire sans se poser de questions.
Tout semble couler de source pour les personnages, et les explications cruciales destinées à introduire le contexte tardent à arriver. Je ne comprenais pas toute la mécanique de cette intrigue et j'avais la sensation que les héros me cachaient des informations déterminantes. Pourtant, je sentais cet univers à portée de main, riche et passionnant vu de l’extérieur, mais je n’arrivais pas à l’atteindre.
Heureusement, mes efforts ont fini par être récompensés : j’ai commencé à comprendre ce qui se jouait au bout de 150 pages, environ. Les Clans Seekers est une sacrée histoire, complexe à souhait et élaborée avec soin. Arwen Elys Dayton mêle évolution technologique et campagne autarcique. Elle maîtrise son univers sur le bout des doigts et évolue dedans avec une aisance que je n’ai pas cessé d’admirer. Elle a un don pour nous faire douter, trembler et hésiter.
Chaque nouveau chapitre est une surprise. Les ellipses permettent de saisir l’étendue de son imagination et la métamorphose – souvent radicale – de son trio de tête. Puis quelle créativité ! La qualité se retrouve dans les petits détails, comme les morphofouets, ces armes uniques qui peuvent prendre la forme désirée par le porteur. Arwen Elys Dayton a su mêler des purs produits de l’inspiration à notre monde à nous. Alors bien sûr, je ne me situe toujours pas dans l’histoire, mais ce qui importe ici, c’est le lâcher-prise. Il n’y a que de cette manière qu’il est possible d’admirer l’étendue de l’histoire.
Puis un point qui m’a énormément plu : l’histoire se passe en Écosse, puis par la suite à Hong-Kong. Ouf, on sort un peu des sentiers battus américains pour filer dans des coins peu exploités de la littérature young-adult. Ça, c’est nouveau, et ça ajoute une petite touche de fraîcheur.
Évidemment, on n’échappe pas au fameux triangle amoureux. D’habitude, ces schémas me sortent par les yeux. Mais là, c’était complètement différent. Mon cœur en a fait des loopings ! Le lecteur assiste à un amour impossible, presque maudit, qui éloigne les concernés autant qu'il les attire l'un vers l'autre. Car comme John le dit si bien : « Beaucoup d'obstacles se dresseront en travers de ta route. La haine en est un, l'amour en est un autre ». En fait, lui et Quin partagent des moments doux, mais parfois tout s'effondre comme un château de cartes, et on se dit que John est toxique pour la jeune fille. Ça laisse un arrière-goût d’interdit, de danger.
Le vécu des personnages est assez lourd et triste. Celle qui m'a le plus touché, c'est incontestablement Maud. Son parcours, ses embûches et ses espoirs… Elle est très émouvante, dans son genre. Mais avec ces personnages, rien n’est jamais fixe. Arwen Elys Dayton bouleverse nos certitudes, s’amuse à nous plonger dans le désarroi avec des revirements inattendus. L’évolution est constante, les rapports de force s’inversent, rien n’est figé, tout peut changer.
Les héros sont des victimes malgré eux. Ils se retrouvent ballotés en tout sens. Leur quotidien vire au chaos, infecté par les erreurs passées et les ambitions de leurs aînés. Ils constituent des dommages collatéraux et n'ont pas d'autre choix que de prendre des décisions difficiles pour sauver leur peau. L’auteur nous montre que la flamme vengeresse consume la vie et le bonheur. Elle s'empare de tout et ne laisse derrière elle que des cendres.
En résumé, Les Clans Seekers est une découverte pour le moins intéressante. L’univers est riche, les personnages diversifiés, et l’intrigue bien pensée. Le style d’Arwen Elys Dayton ne manque pas de panache et offre énormément de perspectives. Son imagination sans limites nous entraîne dans des contrées encore inexplorées. Cela dit, je déplore un début particulièrement laborieux, où l’auteur nous lance dans le bain sans bouteille d’oxygène.
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Quin Kincaid est une Seeker. Cet honneur est son héritage, une noble fonction transmise de génération en génération. Mais ce qu'elle a appris la nuit de sa promesse solennelle a changé son monde à tout jamais. Ce pour quoi elle a prêté serment n'est qu'une monstrueuse imposture : loin des idéaux chevaleresques, sa charge de Seeker la condamne à la barbarie. Son père s'avère être un tueur, son oncle un menteur, sa mère une victime collatérale. Et le garçon qu'elle a un jour aimé vit désormais pour se venger, de la famille de Quin en premier lieu. Quin n'est pourtant pas seule. Shinobu, son plus vieux compagnon, pourrait
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bien être l'unique personne à qui elle peut se fier. L'unique personne aussi désespérément en quête de réponses qu'elle. Mais plus ils creusent dans le passé et plus le tableau s'assombrit. Il y est question de familles de Seekers ancestrales, disparues depuis longtemps, d'alliances troubles, et, pire encore, d'un plan funeste mis en branle il y a plusieurs générations, qui a le pouvoir de tous les détruire.
Le premier tome m’avait laissée un peu perplexe, car il prenait place à une époque que je ne parvenais pas à situer. En tant que lectrice, j’aime quand tout est clair dès le départ, et il faut dire qu’Arwen Elys Dayton m’avait un peu compliqué la tâche. Ses personnages s’en étaient mêlé, taisant certaines informations, ce qui n’arrangeait rien. J’avais néanmoins pris beaucoup de plaisir en lisant cette histoire, et le tome 2 n’a fait que confirmer mon sentiment de départ : une fois que la machine est lancée, il est impossible de l’arrêter !
Nous retrouvons nos héros juste après les événements du premier volet. D’un côté, nous avons Shinobu, affaibli, blessé, avec Quin à son chevet. De l’autre, John qui a pour instructeur Maud, la Jeune Effraie, qui l’a recueilli et qui le met à l’épreuve. En parallèle, on découvre le passé de Catherine, la mère de John. Ce deuxième tome est placé sous le signe de la quête identitaire, des origines Seekers. Nos héros ont découvert que les causes nobles et louables avaient été remplacées par des desseins monstrueux, alimentés par la soif de pouvoir. Les principes fondamentaux n’existent plus que dans cette nouvelle génération de Seekers, la leur. Comment cette décadence a-t-elle pu se produire ? Quin et Shinobu parviendront-ils à échapper à leurs poursuivants ?
Cette lecture m’a agréablement surprise. J’avoue avoir été perdue au début. Les personnages sont très nombreux, et les souvenirs du premier tome étaient un peu flous. De plus, il est difficile de situer à quelle période de l’Histoire se situe Les Clans Seekers, car le livre mêle l’ancien au moderne, voire à la science-fiction. Pour quelqu’un qui, comme moi, aime savoir où il met les pieds, c’est difficile, car le lecteur est extirpé de sa zone de confort.
Heureusement, le tome 2 est beaucoup plus structuré, avec une maîtrise de l’intrigue et un contexte moins brouillon. Aucune information n’est lâchée au hasard, tout est bien pensé, bien imaginé, bien préparé. L’auteur nous offre enfin un cadre pré-défini, dans lequel le lecteur peut se complaire sans mal. Ce tome 2 confirme ce que je savais déjà plus ou moins : l’univers créé par Arwen Elys Dayton est habile, pittoresque et singulier !
Les personnages ont évolué, muri, et se révèlent très attachants. Le fait de pouvoir être dans les pensées des uns et des autres génère une certaine proximité. Tour à tour, on se retrouve dans la tête de Quin, Shinobu, John, Maud… Ce qui donne l’impression de ne jamais faire du surplace. Les flashbacks de Christine permettent aussi d’éclaire le lecteur sur certaines choses, et ce sont les scènes que j’ai préférées, personnellement.
Tout peut changer d’un chapitre à l’autre. Peu à peu, les pièces du puzzle s’assemblent, dévoilant des enjeux cruciaux. Avec du recul, je m’aperçois que cette histoire sort de l’ordinaire et se distingue nettement des autres romans d’aventure young adult. Je ne me suis jamais ennuyée.
En résumé, ce deuxième volet est bien au-dessus, avec de l’aventure à foison, beaucoup de révélations et une intrigue qui m’a tenu en haleine jusqu’à la fin (surtout à la fin !). Même si l’univers est délicat à appréhender, l’intrigue est portée par un souffle original et des personnages attachants. C’est une lecture que je vous recommande.
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REMERCIEMENTS
Je remercie Cécile Ruelle ainsi que les éditions Robert Laffont pour cette lecture !