J'étais en retard et si ce n'avait pas été le cas jamais je n'aurais pris ce tram et jamais je ne l'aurais rencontré. Lui. Celui qui allait détruire ma vie en réveillant une mémoire qui sommeillait en moi et dont j'ignorais l'existence. Un autre côté de moi-même.
"Te séduire, t'emmener, te torturer, te violer et t'assassiner." J'avais une vie... |
Ce livre m'attirait avant tout pour sa couverture et son résumé... plus qu'étrange.
Lorsque mon amie Justine proposait de le vendre parce qu'elle n'avait pas accroché à sa lecture, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai enfin pu assouvir ma curiosité afin de savoir ce que cachait ce synopsis plus qu'alléchant.
Elle jongle entre deux périodes et met en avant la vie d'Hyla, jeune fille qui a vécu au XIXè siècle et a grandi aux côtés de Côme dès l'âge de sept ans. À côté de ça, nous suivons "l'autre" héroïne, qui elle, vit à Montpellier, de nos jours. On ne connaît pas son prénom, il n'est jamais mentionné, ni le sien, ni celui des autres personnages qui gravitent autour d'elle.
Cette jeune adolescente se réveille un jour en retard, et c'est essoufflée et la tête dans le pâté qu'elle prend son tram. Elle y fait la rencontre d'un jeune homme souriant, qui l'observe de façon très appuyée durant tout le trajet. Cette brève rencontre va totalement chambouler l'héroïne qui en sortira troublée. Le lendemain, le jeune homme du tram aura trouvé le moyen le plus glauque de lui faire passer un message, et malgré les protestations de ses amis qui le soupçonne d'être un dangereux pervers, l'héroïne va finir par le rencontrer.
Vont s'ensuivre un tas d'ennuis plus malheureux les uns que les autres. L'héroïne va s'apercevoir que quelqu'un cherche à l'éliminer. À côté de ça un triste accident lui fera perdre la mémoire, pour en réveiller une, tapie depuis longtemps en elle, son côté face. Qui n'est autre que le souvenir d'Hyla, cette jeune femme qui vivait un siècle plus tôt auprès de Côme.
Il est très délicat d'expliquer cette histoire sans tomber dans le spoiler. Il faut dire que ce n'est pas évident de comprendre où l'auteur souhaite en venir. Les informations sont données au compte-goutte et les pièces du puzzle s'assemblent dans un mécanisme parfait au fil de la lecture. L'histoire est très bien élaborée et toutes les explications arrivent à point nommé.
Cette trame tourne autour de trois personnages principaux : Côme, Hyla et Nebel. Le diable, la damnée et l'amant. Chacun à son côté sombre et son côté plus fragile. Ils sont complexes, imprévisibles et pleins de surprises. À la fois humains et inhumains, leurs sentiments sont décrits avec une intensité très réaliste, mais à la fois dangereuse et calculée. Leurs interactions sont pleines de tensions et imprévisibles à souhait. L'atmosphère en devient vite étouffante tant l'histoire est sombre et mystérieuse.
En bref, durant toute la lecture, on est sur la corde raide, on ignore à quoi s'attendre. Mais tout trouve un sens, toutes nos questions obtiennent une réponse, pour finir. Et pourtant, on reste avec un goût d'inachevé, on n'arrive pas à imaginer une fin heureuse à toute cette haine, cette rancune et cette oppression qui suintent tout le long de l'histoire.
En dehors des trois principaux et de l'héroïne qui n'a pas de nom, il n'y a presque aucune information sur les autres personnages qui sont pourtant relativement nombreux. Au début je trouvais ça chouette et original d'avoir recours à ces surnoms impersonnels : "N°1", "Quasimodo", "Monchéri-Moncoeur"... etc. Mais à la longue, c'est assez agaçant. On a l'impression que la narratrice méprise les personnages avec qui elle entre en interaction, et même s'ils n'apportent concrètement rien de révélateur à l'histoire, j'aurais aimé les distinguer avec autre chose qu'un pseudonyme ridicule. Au début j'ai trouvé le choix de l'auteur judicieux, mais pour finir, c'était un peu trop.
Mais cette distinction permet de vraiment nous concentrer sur Hyla, Côme et Nebel, et leurs relations tumultueuses, malsaines et périlleuses. Ils ont des personnalités très bien exploitées, qui permettent de nuancer le côté "bien" et le côté "mal", car contre toute attente, Côme m'a vraiment fait de la peine.
J'ai eu beaucoup de mal à apprécier la plume de l'auteur. C'est tantôt haché, tantôt un peu pompeux. J'ai trouvé qu'elle s'éparpillait beaucoup et certaines tournures de phrases se révélaient maladroites. Après est-ce que c'est fait exprès pour accentuer le côté "nébuleux" de l'histoire ? Je l'ignore.
Les rares moments d'action étaient introduits de façon trop rapide, et j'ai eu l'impression que l'auteur n'était pas très à l'aise avec ça.
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