À 19 ans, Kaleb Helgusson se découvre empathe : il se connecte à vos émotions pour vous manipuler. Il vous connaît mieux que vous-mêmes. Et cela le rend irrésistible. Terriblement dangereux. Parce qu’on ne peut s’empêcher de l’aimer. À la folie. À la mort.
Sachez que ce qu’il vous fera, il n’en sera pas désolé. Ce don qu’il tient d’une lignée islandaise millénaire le grise. Même traqué comme une bête, il en veut toujours plus. Jusqu’au jour ou sa propre puissance le dépasse et ou tout bascule… Mais que peut-on contre le volcan qui vient de se réveiller ? |
Kaleb est le livre qui a remporté le plus de suffrages lors de l’événement « À vous de piocher ». Il patientait sagement dans ma PAL depuis un temps considérable, et je n’avais jamais trouvé le temps de me plonger dedans. Et bon sang, quelle roman ! J’ai appris par la suite qu’Ingrid Desjours se cachait derrière le pseudonyme de Myra Eljundir (oui, vous pouvez le dire, je réagis mille ans après tout le monde), et j’étais estomaquée. Ayant lu et adoré Les Fauves de la même auteur, j’ai retrouvé les qualités, ainsi que les points, certes dérangeants, mais percutants de sa patte bien reconnaissable.
C’est l’histoire de Kaleb, un jeune homme ayant perdu sa mère et qui n’a connu que les déménagements sans fin avec son père. Tout se passait relativement bien jusqu’à ses dix-neuf ans. Il perd littéralement le contrôle et se met à défier le peu d’autorité que son père exerce sur lui. Ce dernier aime profondément son fils, mais se retrouve bien vite dépassé par tout ça. Il ne parvient pas à lui expliquer les circonstances de la disparition de sa mère, dans des moments où le jeune homme a cruellement besoin de repères.
Kaleb est beau, Kaleb est charismatique… Kaleb peut obtenir ce qu’il veut de n’importe qui et n’importe quand. Kaleb est un empathe. Et ce don l’oblige à choisir entre deux principes que tout oppose : le Bien ou le Mal. Hélas, les choses sont bien plus compliquées qu’il ne le pense, car de sa décision finale découlera un grand nombre d’événements. S’il décide de basculer du côté obscur, Sentinel, un organisme top secret, lui tombera sur la pomme et lui fera subir les pires sévices. Que choisir lorsque faire le Mal se révèle délicieusement tentant ?
J’ai refermé ce livre avec le cœur qui battait la chamade et une cruelle envie d’avoir le tome 2 sous la main. Kaleb est une histoire assez particulière, centrée sur une trame très solide et particulièrement bien rodée. Ce premier tome est là pour poser les bases et dans une atmosphère sombre, parfois poisseuse et malsaine, nous suivons Kaleb dans son combat contre lui-même.
Il est facile de se faire une idée du personnage principal. Beau comme un démon, bad boy à souhait et surtout indomptable, Kaleb n’a rien du héros dans toute sa puissance. Non, non. En réalité, il est tiraillé, effrayé ; c’est un jeune homme qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Au lieu de « subir » son don, il décide de l’expérimenter, et les conséquences sont parfois terribles. J’avais peur de ne pas m’attacher à ce garçon, de le trouver trop inaccessible. Si ça a été le cas au début, le charme a néanmoins vite opéré. Kaleb n’est pas le preux chevalier qui se préserve pour sa bien-aimée. Il n’est pas celui qui choisit le Bien, envers et contre tout. Il souffre, essaie de comprendre ce qui cloche et parfois lâche la bride à l’animal qui gronde en lui. C’est plus fort que tout, son pouvoir est grand, mais sa volonté encore trop fragile. J’ai aimé ce personnage cassé et contusionné, j’ai aimé que son choix ne soit pas si facile, que céder à l’appel du Mal soit tentant… C’est un anti-héros par excellence, et c’est une véritable claque dans la figure quant on a l’habitude de lire des romans manichéens.
Nous faisons également la connaissance du Colonel ainsi que de son assistante. Hum, comment vous dire ? Le personnage du Colonel est… dérangeant. Il m’a fichu les miquettes, m’a mis très mal à l’aise à plusieurs reprises, mais naïve que je suis, j’en redemandais. L’auteur a construit son tempérament sur une base tellement noire, tellement puissante et complexe… On ne peut pas faire plus antipathique ni plus mauvais. Face à certains de ses propos, j’avais envie de lui casser les dents (huhu) et de le voir disparaître sur le champ. À mesure que l’on avance dans l’histoire, on fouille dans le caractère de cet homme implacable qu’il ne vaut mieux pas chatouiller trop longtemps.
Son assistante n’est pas qu’une assistante, et le lecteur assiste à son évolution en même temps qu’il apprend sa réelle identité et sa place dans l’histoire. Les secrets la concernant volent peu à peu en éclat ; ces révélations sont amenées lentement, et j’ai particulièrement aimé ça. L’auteur ne nous donne pas la vérité toute nue sur un plateau d’argent. Elle nous laisse le temps de prendre nos marques et de deviner tout seul, comme des grands ! Mener l’enquête et voir ses soupçons confirmés, ça a quelque chose d’assez jubilatoire.
Passons à l’histoire, maintenant. Myra Eljundir a créé sa propre mythologie à partir du volcan islandais Eyjafjöll. Oui, vous avez bien entendu, ce fameux volcan dont ont parle dans quelques films et bouquins. J’ai trouvé ça original, car ça s’inscrivait sur un fait réel et le côté fantastique se greffait bien à l’idée initiale. La légende des Enfants du Volcan est passionnante et les éléments que l’on apprend au fur et à mesure pour construire le puzzle géant de Kaleb sont captivants, sincèrement. À ce stade, l’auteur n’en dit pas encore beaucoup, il reste de nombreuses zones d’ombre, mais fichtre ! c’est attrayant au possible. La trame en elle-même est mise en place avec une précision de chirurgien et j'en suis restée baba face à toutes les révélations qui explosent de tous les côtés vers la fin, nous laissant pantois et sans la moindre force.
La plume, maintenant. Ralala, on peut dire tout ce que l’on veut, que l’écriture de Myra Eljundir/Ingrid Desjours est froide et acérée, il n’empêche que même si ses mots peuvent glacer en un instant, ils peuvent allumer un bûcher dans nos cœurs en deux fois moins de temps. Kaleb est par moment une histoire très dérangeante qui laisse perplexe. Mais j’aime ça ! J’aime que l’auteur ne cherche pas à faire « comme tout le monde », c’est le genre de lecture qui fait automatiquement bondir. Sa franchise et ses mots crus peuvent en rebuter beaucoup, moi je trouve que c’est simplement une signature inimitable qui fait de Kaleb un roman Young-Adult incontournable.
En résumé, c’est une excellente surprise et surtout un très bon début ! Le personnage tient ses promesses dans son rôle de « délicieux méchant », l’histoire est passionnante et l’auteur ne lésine pas sur les détails les plus troublants. Kaleb n’est pas n’importe quel roman, il ne plaira pas à tout le monde, il en déstabilisera beaucoup… mais jamais, au grand jamais il ne vous laissera de marbre !
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