A l’instant où elle pose les yeux sur l’imposant manoir gothique de Blackwood, le pensionnat où elle va passer l’année, un sentiment d’angoisse s’empare de Kit. Comme si un vent glacé traversait son cœur à chaque pas effectué vers la porte. Comme s’il y avait quelque chose de maléfique à l’intérieur des murs du pensionnat, perdu au milieu de nulle part. Lorsque d’étranges phénomènes viennent perturber son quotidien et que les trois autres pensionnaires se mettent à développer des talents artistiques incroyables, le malaise de Kit ne fait que s’intensifier. Hantée par une mélodie de piano, elle devient somnambule et aperçoit d’étranges silhouettes dans les couloirs sombres. Bien décidée à mener l’enquête, Kit découvrira que certains secrets feraient mieux de rester enfouis… car ils dépassent tout ce que la raison peut appréhender.
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La couverture de ce nouveau roman m’a tout de suite tapé dans l’oeil et le résumé, fort intriguant, a fini de me convaincre qu’il me le fallait absolument. Ça paraissait très sombre et nébuleux, avec une pointe d’angoisse, ce qui m’attirait énormément. Puis mon amie et partenaire Justine du blog Lire une passion a vanté ses qualités, alors je partais déjà dans un certain état d’esprit. J’étais préparée à aimer ce roman. Finalement, ça a été plus que ça ! Blackwood est un véritable coup de coeur. Un ouvrage que j’ai dévoré en seulement quelques heures.
Kit est une banale adolescente. Elle vit avec sa mère, et son père est décédé lorsqu’elle n’avait que sept ans. Depuis, sa mère a refait sa vie avec un certain Dan, et tous deux s’apprêtent à partir en voyage de noces en Europe. Ainsi, Kit écope d’une rentrée dans un institut très particulier, un pensionnat qui ne semble accueillir que l’élite de l’élite.
Mais dès les premiers instants où le manoir de Blackwood entre dans son champ de vision, la jeune fille s’aperçoit que quelque chose cloche. Quelque chose lui déplaît dans cet endroit, la poussant à prendre ses jambes à son cou. Mais désireuse de ne pas vouloir froisser sa mère, elle finit par capituler.
La vie à Blackwood pourrait être tout ce qu’il y a de plus banale, mais en réalité, des choses étranges s’y passent. Elles ne sont que quatre élèves à avoir intégré les lieux, et ne sont ni les plus intelligentes, ni les plus virtuoses. Mais alors pourquoi elles ? Et pourquoi cette aura de mystère plane-t-elle en permanence sur le manoir Blackwood ?
Je brûle de vous en dire plus, mais… mais… tout repose sur un tas de non-dits, ce qui rend la lecture captivante. Tous les ingrédients sont là : l’ambiance lugubre, à la limite du supportable, les petites miettes d’informations qui nous stimulent à mener l’enquête, le rythme de l’histoire. Dès les toutes premières pages, la curiosité nous ronge, et la plume merveilleuse de l’auteur y est pour beaucoup.
Et Kit… J’ai adoré ce personnage ! C’est à travers ses yeux que nous vivons les péripéties de toutes les pensionnaires. Je me suis sentie proche d’elle, j’ai aimé son caractère revanchard. Quand elle a une idée en tête, elle ne dévie pas d’un iota. Elle est capable de mettre sa vie en danger dans le seul but de s’assurer que les autres sont en sécurité. Et même s’il m’est arrivé de faire certains liens plus vite qu’elle, je l’ai trouvé maligne et curieuse.
Sandy, Lynda et Ruth sont des jeunes filles très différentes les unes des autres, mais ce sont ces différences qui font qu’on les apprécie. J’ai aimé Sandy pour sa fraîcheur et sa naïveté tout enfantine, Lynda pour son tempérament solaire et sa cervelle de moineau, et enfin Ruth pour son caractère parfois un peu bourru. On se prend d’affection pour elles, on tremble dans les moments critiques. Et même si elles peuvent être très surprenantes, elles restent toutes égales à elles-mêmes.
Les professeurs, je les ai tout de suite sentis louches. Mais vraiment. Leurs réponses évasives, leur attitude toujours mesurée. Les questions s’accumulent tellement qu’on en vient à soupçonner tout le monde et à se méfier dès que quelqu’un entre en scène. Et lorsque le dénouement se fait, lorsqu’on comprend enfin ce qui se joue, on prend pleinement conscience du côté malsain de la chose. Il y a ce malaise qui nous colle à la peau, doublé de ce sentiment d’addiction, qui fait de Blackwood un roman qui marque les esprits. J’avais partiellement deviné ce qu’il en était, mais à aucun moment je n’avais pensé à ce que ça impliquait. Et même lorsque le voile est levé, l’histoire reste toujours aussi prenante. Jusqu’au dernier mot. Et c’est seulement à cet instant qu’on s’autorise à prendre une goulée d’air. Car on n’a pas osé respirer pendant presque 300 pages.
En résumé, une intrigue magnifiquement bien menée, une héroïne très convaincante et un univers aussi sombre que délicieux. Blackwood est pour moi un gros coup de coeur que je prendrai plaisir à relire à l’occasion. Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite vivement à vous le procurer. Vous ne serez pas déçus du voyage ! |