Jacob Portman, 16 ans, écoute depuis son enfance les récits fabuleux de son grand-père. Ce dernier, un juif polonais, a passé une partie de sa vie sur une minuscule île du pays de Galles, où ses parents l'avaient envoyé pour le protéger de la menace nazie. Le jeune Abe Portman y a été recueilli par Miss Peregrine Faucon, la directrice d'un orphelinat pour enfants « particuliers ».
Selon ses dires, Abe y côtoyait une ribambelle d'enfants doués de capacités surnaturelles, censées les protéger des « Monstres». Un soir, Jacob trouve son grand-père mortellement blessé par une créature qui s'enfuit sous ses yeux. Bouleversé, Jacob part en |
quête de vérité sur l'île si chère à son grand-père. En découvrant le pensionnat en ruines, il n’a plus aucun doute : les enfants particuliers ont réellement existé. Mais étaient-ils dangereux ? Pourquoi vivaient-ils ainsi reclus, cachés de tous ? Et s'ils étaient toujours en vie, aussi étrange que cela puisse paraître…
Je vois ce roman circuler sur la blogosphère depuis plus d’un an et il était vraiment temps que je me penche dessus, moi aussi. Fidèle à mes habitudes, je me suis bien gardée de lire le résumé, et j’ai foncé, tout en espérant secrètement l’apprécier autant que la majorité des lecteurs que je connaissais.
Jacob a toujours eu une relation particulière avec son grand-père, Abe. Depuis qu’il est tout petit, celui-ci lui conte des histoires merveilleuses et terrifiantes qui, d’après lui, se sont produites lorsqu’il n’était qu’un enfant en pleine Seconde Guerre Mondiale. Petit, Jacob y croyait dur comme fer, mais la vie a fait qu’il a désormais les pieds sur terre et qu’il ne se laisse plus bercer par les contes de son grand-père. Mais ça, c’était avant de se retrouver face à un monstre dans le jardin, alors qu’Abe a été gravement blessé. Toutes les certitudes de Jacob se retrouvent alors chamboulées, et le jeune garçon a besoin de réponses. Afin de retracer le parcours de vie de son grand-père, il décide de mener son enquête en se rendant au Pays de Galles. Son but ? Rencontrer celle qui revenait sans arrêt dans les histoires de son enfance : Miss Peregrine et les enfants particuliers.
Lorsque je tenais le roman dans mes mains, mon premier réflexe a été de le soupeser (oui, il est particulièrement lourd), et surtout de le feuilleter. L’intérieur est à l’image de la couverture. De nombreuses images y sont disséminées, dérangeantes, malaisantes et un poil lugubres. Il nous est bien précisé que les photographies sont d’époque et ont inspiré l’auteur lorsqu’il s’est décidé à écrire cette histoire. Durant des années, il a accumulé les photos les plus étranges pour nous concocter une histoire qui sort des sentiers battus. J’ai aimé l’idée qu’à travers ces photographies qui sont sûrement passées de mains en mains, qui ont traversé les âges et peut-être même les frontières, Ramson Riggs nous livre sa propre vérité.
Ces photographies qui me mettaient si mal à l’aise se sont révélées être le point fort de Miss Peregrine et les enfants particuliers. Elles ajoutent une dimension terriblement réaliste pour une histoire qui ne l’est pas le moins du monde. D’habitude, j’aime m’imaginer moi-même le visage des personnages, eh bien pas ici, bien au contraire. L’intrigue s’inscrit dans le fantastique, mais voir ces photos rendait le tout presque envisageable. De fait, l’immersion est totale, on s’imagine presque regarder les clichés par-dessus l’épaule de Jacob, et d’être avec lui dans chacune de ses découvertes.
Concernant l’histoire, il m’a fallu une petite centaine de pages pour m’habituer à l’atmosphère très particulière. Le rythme en lui-même est plutôt lent au début, peut-être un peu trop à mon goût. Je trépignais d’impatience, à l’instar de Jacob lorsqu’il fait son arrivée sur l’île. Pour le coup, je ressentais les mêmes émotions que lui et je rongeais mon frein en attendant d’obtenir des réponses à toutes mes interrogations.
Enfin, les intrigues se tissent tout autour du héros. Il faut le temps de digérer tout ce que Ramson Riggs introduit, et je dois admettre que j’ai trouvé le concept ultra original. Je n’avais jamais vu ça ailleurs ! La plume est là pour nous guider pas à pas au cœur de ce récit surnaturel. Le plus appréciable, c’est qu’à aucun moment l’auteur n’infantilise ses personnages ou ses lecteurs. Sa plume est très subtile et peut même déstabiliser au début.
Les personnages, s’ils sont tous très originaux, ne m’ont pas touchée en plein cœur et je le regrette. Ceci dit, j’ai été attendrie par l’histoire des enfants particuliers. Il émane d’eux quelque chose de tendre, mais aussi de curieusement macabre. Et c’est cette ambiance prégnante et singulière qui a fait que j’ai totalement accroché.
En résumé, je suis tombée sous le charme de l’univers de Ramson Riggs. De vieilles photos qui prennent soudainement vie sous nos yeux, au travers d’une Miss Peregrine et d’enfants très particuliers, une histoire qui n’en finit pas de nous fasciner et de nous surprendre. Tout cela dans une ambiance unique en son genre, entre horreur et bizarreries.
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MA NOTE FINALE :
INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES
Les particuliers ont existé bien avant Miss Peregrine. Transmis de génération en génération depuis la nuit des temps, ce recueil regroupe différentes histoires inquiétantes et envoûtantes de particuliers : « De riches cannibales qui se nourrissent des membres jetés par les particuliers » ; « Une princesse à la langue fourchue » ; « La première Ombrune » ; « La fille qui apprivoisait les cauchemars » ; « Le géant Cuthbert »…
Voici quelques-uns des contes compilés et annotés par Millard Nullings et merveilleusement illustrés. |
Jusqu’à maintenant, je n’ai lu que le premier tome de Miss Peregrine et les enfants particuliers. Je me souviens avoir bien aimé cet univers savamment pensé, et j’étais donc curieuse de découvrir ce spin-off sous forme de recueil de contes. J’ai toujours eu un faible pour les contes, et je vous avoue que j’aurais adoré lire de telles histoires quand j’étais petite.
Dans ce petit ouvrage de 200 pages, nous découvrons 10 contes qui nous relatent des aventures très variées et particulièrement originales. Je me suis très vite prise au jeu et j’en ai savouré chaque détail.
Si ici il n’est plus question de photographies hautement malaisantes, chaque début d’histoire est illustré par un magnifique dessin très travaillé. L’immersion est immédiate ! En ce qui concerne les contes en eux-mêmes, certains m’ont plus séduite que d’autres (je pense que la tranche d’âge visée varie d’une histoire à l’autre), et aucun n’est semblable à son prédécesseur. On a envie de rester un peu plus longtemps dans chacun de ces contes, tant on s’y sent bien. Ramson Riggs – ou devrais-je dire Millard Nullings – nous amène partout et nous fait rencontrer des particuliers venus de tous horizons. Un véritable délice !
Afin que vous ayez une petite idée de ce qui vous attend, j’ai pensé que découvrir les contes que j’ai préférés vous plairait peut-être :
Les splendides cannibales
Il s’agit d’un de mes contes préférés du recueil. Nous nous retrouvons au cœur d’un modeste village peuplé de particuliers. Ceux-ci vivent en harmonie, jusqu’au jour ou d’autres particuliers, qui ne se nourrissent que de chair humaine, s’arrêtent dans leur bourgade.
Ici, on progresse par palier, et l’histoire finit presque par ressembler à une fable. L’auteur nous met face à certains principes de moralité, comme le fait que l’envie et la jalousie peuvent provoquer la décadence, ou encore que certains sont capables du pire pour triompher de leurs voisins. À travers cette histoire des plus singulières – un peu glauque aussi, avouons-le, on prend conscience de l’importance de la simplicité, tout en constatant amèrement que l’appât du gain peut changer les meilleurs d’entre nous.
Vous l’avez sans doute remarqué, mais ce conte-là m’a vraiment beaucoup plu, parce que je trouve qu’il véhicule un certain nombre de valeurs et qu’il peut également sensibiliser les petits comme les grands.
La princesse à la langue fourchue
Dans cette histoire aux allures de conte merveilleux, l’auteur nous narre les aventures d'une magnifique princesse dotée d'une particularité que tous jugent repoussante : sa langue est fourchue et son dos recouvert d’écailles brillantes. Depuis toujours, elle fait son possible pour cacher ces anormalités, et seule sa femme de chambre connaît son honteux secret. Un jour, son père décide de la marier au prince d’une contrée voisine, et la jeune fille se demande comment son futur époux réagira en découvrant sa véritable nature.
Bien qu’assez absurde par moment, ce conte se lit tout aussi vite et nous donne pas mal de grain à moudre. C’est ainsi que les lecteurs de La princesse à la langue fourchue apprendront qu’il est important de ne pas se mentir à soi-même et de s’assumer tel que l’on est, tout en évitant de porter un jugement sur ceux qui sont différents.
Quoi qu’il en soit, en seulement quelques lignes, on se prend d'affection pour cette princesse qui cherche à bien faire et se plie en quatre pour correspondre à ce que l'on attend d'elle. Même dans la souffrance, elle ne perd rien de sa générosité, et c’est une belle leçon, en soi.
La première Ombrune
L'une des histoires que j'ai préférée parce qu'elle nous conte l'apparition des premières boucles temporelles, créées in extremis par la toute première Ombrune, Ombrine. Celle-ci vit au milieu d’une famille d’autours de palombe et se transforme parfois en femme humaine. Un jour, elle décide de quitter les siens pour découvrir le monde, et tombe sur un campement de particuliers rebus de la société. Elle va tenter d’utiliser ses dons pour protéger ses nouveaux amis des dangers qui les menacent.
J'ai trouvé cette légende très belle. C'est la plus élaborée, celle qui renvoie directement à la saga et nous transporte à ses débuts. Je me suis laissée porter, un peu comme si moi aussi j’étais avec eux.
Il y a bien d’autres contes qui vous feront voyager, comme celui de Cocobolo, cette île insaisissable qui renferme une richesse insoupçonnée, ou bien Le garçon qui retenait la mer, qui m’a rendue assez triste, je dois dire. Vous pourrez côtoyer les morts de près avec L’amie des fantômes et mener la guerre aux pigeons dans Les pigeons de Saint Paul. Bref, il y en a pour tous les goûts. Tous ces contes sont différents, tous marquent les esprits. À dire vrai, je ne dirais pas non à d’autres histoires concoctées par Millard Nullings…
En résumé, Contes des particuliers est un très beau recueil, porteur de leçons de morale et de valeurs importantes. Vous trouverez des histoires mignonnes, douces et attendrissantes, mais aussi des contes plus tristes ou plus cruels. Ce complément de la saga permet avant tout de rester un peu plus longtemps aux côtés des particuliers, tout en apportant dans son sillage des histoires aussi variées que singulières.
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REMERCIEMENTS
Merci à toute l'équipe de Hachette pour cette très bonne lecture.