En Alaska, la ruée vers l'horreur a commencé.
White Forest, petite ville côtière du sud de l'Alaska, est en émoi. Pris dans les glaces, un navire ayant sombré en 1920 vient d'être découvert. Les corps des marins en ont été extraits, mais manquent à l'appel ceux d'une centaine d'orphelins... C'est dans cette étrange atmosphère que débarque Alice Lewis, avec l'espoir de retrouver sa sœur disparue. Elle engage aussitôt un ancien flic au passé trouble devenu détective privé, Nimrod Russell. De l'autre côté de la ville, la lieutenante Tracy Bradshaw récupère une sordide affaire : pendu par les pieds dans sa grange, un notable a été éventré à l'aide d'un hakapik, l'arme inuit servant à abattre les phoques. |
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Après deux livres découverts et dévorés chez eux, j’ai fini par me dire que la collection La Bête Noire est une valeur sûre. Et Tout le monde te haïra n’a pas fait exception à la règle. Ce livre est dangereusement prenant.
L’histoire se déroule dans une petite ville de l’Alaska et commence par un meurtre que personne ne s’explique. Nous suivons plusieurs personnes en parallèle. Il y a d’abord Tracy, lieutenante et mère de famille, qui découvre avec ses collègues le corps d’un homme assassiné dans de sordides conditions. Puis de l’autre côté, il y a Nimrod Russel, l’ancien coéquipier de Tracy, qui a été contraint de démissionner il y a quelque temps. Nimrod est désormais détective privé, et lorsqu’il croise la route d’Alice, une jeune femme cherchant à retrouver la trace de sa sœur, son destin prend un tournant totalement inattendu. Et enfin dans un endroit bien mystérieux, il y a Vassili, un personnage que nous suivons de sa prime enfance jusqu’à l’âge d’homme, sans en comprendre les raisons. On ne le sait pas – on s’en doute peut-être – mais ces quatre personnages sont liés. Liés par un mystère qu’Alexis Aubenque se fait un plaisir d’entretenir.
Force est de reconnaître qu'après Les Fauves et après Tu tueras le Père... Tout le monde te haïra est une découverte tout aussi appétissante. Moi qui n’ai jamais trouvé grand intérêt aux thrillers, j'en deviens peu à peu accro avec La Bête Noire.
Tout le monde te haïra est une lecture pour le moins singulière qui m’a fait passer par toutes les émotions possibles et imaginables. J'avais cette impression persistante d'être catapultée dans un film. Mon cœur a fait de furieuses ruades dans les moments où ça se corsait. La tension est palpable, et difficile de lâcher le livre lorsque les mystères gagnent autant d’ampleur !
Il est très facile de s’oublier dans cette lecture, et quand on est bien dedans, on doit se faire violence pour manger et vaquer à d’autres occupations. Je me suis retrouvée poussée par une drôle d’addiction (mêlée à une certaine appréhension, évidemment), les pages défilent, défilent… Et on ne s’en rend compte que plus tard, lorsque le roman est terminé et que la frustration nous prend à la gorge.
L'auteur nous mène par le bout du nez une bonne partie de l'histoire. On ne sait jamais sur quoi on va tomber à chaque nouvelle page entamée. La surprise est toujours totale. J’ai rarement vu quelqu’un aussi bien entretenir les questionnements, c’est assez fabuleux. Alexis Aubenque nous offre 3 points de vue. Au début, difficile de faire les liens entre ces trois personnages tous très différents. Puis les interrogations émergent en bloc à partir d’une mort sauvage, une disparition et un naufrage vieux de 100 ans. Je défie quiconque de trouver le lien existant entre ces éléments. D'habitude j'ai toujours du flair, là j’ai dû capituler, je devais être enrhumée !
Le livre se dévore tellement vite, et la plume efficace d’Alexis Aubenque y est pour quelque chose ! Les chapitres sont courts et se terminent chaque fois avec un cliffhanger qui laisse le lecteur comme deux ronds de flanc ! Et à chaque fin de chapitre, on change de personnage évidemment, ce qui est encore plus contrariant, car on aimerait tout avoir en même temps. On aimerait connaître les moindres détails dès le début. Alors on dévore et on dévore, en oubliant que les heures s'égrènent et qu'il est... 4 heures du matin (oui, oui, sans rire).
Et puis à 100 pages de la fin, on fait un rapide bilan et on se rend compte qu'on n'a pas la moindre piste qui se profile au loin et pas un seul suspect. J'avoue que j'ai eu un peu peur à ce moment-là. L'auteur a tellement bien mené sa barque que je me suis demandé si la fin en vaudrait vraiment la peine. Lorsque je me suis aperçue qu'il ne me restait plus beaucoup à lire et que les révélations explosaient de toutes parts (même si je n'avais pas plus de pistes ici qu'au début du livre), je me suis sentie euphorique. Euphorique parce que j'allais enfin connaître ce qu'il en était, j'allais savoir, après 400 pages à mariner dans mon jus.
Et la fin ? Tout s'accélère, les chapitres deviennent très très courts et renforcent cette impression qu'on approche du bouquet final. Le plus drôle c'est que l'auteur parvient encore à nous enfumer avec de nouveaux mystères à partir des révélations déjà faites. On en vient à douter de tout, à ne croire personne. Plus on en apprend, moins on comprend comment tout cela est possible. Et croyez-moi, c'est démesurément difficile de ronger son frein en attendant de tout comprendre.
Lorsque j'ai enfin su ce qui se jouait, j'étais horrifiée. Cette fin, c'est un étalage de la cruauté humaine dans toute sa sinistre splendeur. C’est un pied de nez à nos valeurs, c’est comme si nous n’avions rien appris de nos erreurs… mais c’est aussi criant de réalisme. Vous ne comprenez rien à ce que je dis ? Haha, je ne peux pas être plus claire, pourtant ! Ce que ce roman dépeint pourrait très bien se dérouler sous notre nez, à notre époque, à l’insu de tous. De quoi tourner paranoïaque…
Je précise – et je tiens cette information de Justine du blog Lire-une-passion – que ce n’est que le début du voyage et que tout n’est pas terminé. Parce que oui, il reste un dernier mystère laissé là par Alexis Aubenque et qui n’a pas été résolu. Moi frustrée ? Eh bien… peut-être que oui, un peu !