Sulfureux. Indécents. Mortels…
Avez-vous déjà entendu des rumeurs évoquant les Fils d’Éros ? On prétend à mi-voix que ces professionnels de la séduction joueraient avec les sentiments et bouleverseraient la vie de leurs victimes. Ils éveilleraient la volupté des sens, tisseraient des liens de complicité pour mieux refermer le piège de leurs charmes le moment venu. Judith de Ringis est une femme d’affaires aussi douée qu’impitoyable. Pour se débarrasser d’une concurrente gênante, elle requiert les services de l’un de ces mercenaires. Un maître qui excelle dans l’art de mettre à nu les secrets les plus intimes et d’enjôler les âmes. Marco, dit le Papillon, s’engage à briser la proie que lui |
désigne Judith. Cependant, manipuler les choses de l’amour n’est jamais simple, surtout quand les plus redoutables prédateurs se révèlent, eux aussi, capables d’émotions…
Les oeuvres de Stéphane Soutoul m’ont chaque fois séduite, je n’ai jamais été déçue. Il parvient toujours à se mettre dans la peau de ses héroïnes, et ses romans sortent de la norme, sous des dehors classiques. La Proie du Papillon n’est PAS un thriller classique. La Proie du Papillon, c’est une histoire inclassable, carrément perturbante, et délicieusement sensuelle. Cette magnifique couverture cache une intensité déstabilisante, et le lecteur tombera sans tarder dans les filets de cette trame inhabituelle.
Judith de Ringis est une femme atypique. Businesswoman impitoyable, elle mène son entreprise d’une poigne de fer et est dévorée par une ambition sans limites. Abonnée à toutes les formes de dépravations possibles, on peut également dire qu’elle est l’incarnation du Mal en personne. Depuis quelque temps, une concurrente avec qui elle feint d’être amie, Annie Laurens, commence à lui faire de l’ombre, et ça, elle ne peut pas le tolérer plus longtemps. Pour s’en débarrasser dans les plus brefs délais, Judith va donc faire appel à un organisme secret, Les Fils d’Eros. Des professionnels dont le talent est de séduire leurs proies pour mieux les briser par la suite. L’homme qui l’aidera à accomplir ses sombres desseins s’appelle Marco DiValto, surnommé Le Papillon. Beau comme un dieu vivant, le jeune homme a pour mission de déchiqueter sa victime, lambeau après lambeau. Mais ce que Judith ignore, c’est que la haine peut l’entraîner loin, très loin.
Ça vous est déjà arrivé de commencer un livre et de savoir quasi instantanément que vous allez accrocher ? Pour moi, c'est ce qui s'est passé. On sort de ce roman tellement hébété, qu’il est impossible de passer à autre chose, tellement l’histoire nous trotte dans la tête. Je crois que je n’avais jamais lu un thriller aussi puissant. Stéphane Soutoul n’en est peut-être pas à son coup d’essai, toujours est-il qu’il a ferré un énorme poisson en se mettant dans la peau de Judith de Ringis.
Une peau de vache qui m’a fait passer par tous les états. On oscille entre l'espérance qu'elle change et la conviction qu'elle ne pourra jamais se bonifier. L’auteur a fait quelque chose d’assez inhabituel : il a démonté mes espoirs pierre par pierre, jusqu’à ce que mon optimisme s’effondre comme un château de cartes.
Les héroïnes de Stéphane Soutoul sont toujours têtes brûlées, caractérielles, féministes. C'est un peu sa marque de fabrique. Mais là, il pousse le vice encore plus loin. En terminant le premier chapitre du roman, j'ai écarquillé les yeux en me disant : Pfffffiou, quelle plaie, cette Judith ! L’anti-héroïne dans toute sa splendeur. Mégalomane, nombriliste, cruelle, rigide, insensible... On adore la détester. Et en même temps, on la plaint un peu, parce qu'elle est consumée par une haine implacable.
Et après tout ça, vous vous demandez peut-être en quoi ce roman est si spécial. Pour la première fois, on se retrouve du côté de la mauvaise personne, la perfide à tendances psychopathes. Annie et Judith sont un peu comme le jour et la nuit. Si Annie est Blanche Neige, Judith tient le rôle de la Méchante Reine qui tente par tous les moyens de lui enfoncer la pomme empoisonnée au fond de la gorge.
Puis il y a Marco. L’insaisissable Marco. L’incontrôlable Marco. Lui et Judith sont comme le feu et la poudre. Leurs rapports sont assez complexes et peuvent nous clouer sur place à certains moments. Au-delà de sa sensualité, la relation que Judith partage avec Marco est la seule qui lui permette d'être elle-même. Finis les sourires hypocrites et les phrases d’usage, la jeune femme ne s'embarrasse pas de pudeur et n'hésite pas à lui montrer les facettes les plus sombres de sa personnalité. Ces deux-là sont étouffants de charismes. On dirait deux fauves qui s’adonnent à un bras de fer à la fois passionné et sans merci.
Ce que j'aime avec les œuvres de cette auteur, c'est qu'il ne tombe jamais dans la facilité. Il créer toujours des situations compliquées et inextricables pour tenir son lecteur en haleine. Sa plume est splendide et terriblement addictive. Jusqu’à la fin, on est persuadé de maîtriser la trame, d’en connaître les tenants et les aboutissants. Comme dans tout thriller qui se respecte, le dénouement est grandiose, un vrai bouquet final. Moi qui pensais avoir tout compris, je suis restée sur le popotin face aux choix de l’auteur. Les révélations qui sont faites s'emboîtent parfaitement avec l'histoire et nous donnent l'impression d'avoir été baladés, manipulés.
En résumé, La Proie du Papillon est un roman indescriptible. Entre élégance, séduction et malveillance, Stéphane Soutoul nous entraîne dans les dédales les plus sombres de son univers. Une histoire psychologique, pathologique, qui donne du grain à moudre, une héroïne que l’on adore détester, un Papillon qui exerce un pouvoir fascinant sur nous, lecteurs… Bon sang, ne passez pas à côté de ce splendide ouvrage, ce serait une erreur.
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MA NOTE FINALE :
INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES
REMERCIEMENTS
Je remercie l’auteur, ainsi que les Éditions Pygmalion, pour cet envoi et pour leur confiance.