Quand une vieille amie la contacte sur Facebook, Sarah Havenant découvre que deux profils existent à son nom. Un seul est le sien.
Pourtant, tout est terrifiant de précision sur l'autre. Elle y découvre des photos de son mari, de leurs enfants et même de l'intérieur de leur maison. Et ce n'est que le début. Car celui qui a créé le second compte n'attendait qu'une chose : que Sarah le découvre. A partir de cet instant, sa vie ne lui appartient plus... |
Voilà plusieurs mois que j’avais repéré ce titre. Le résumé me bottait, et j’avais besoin d’un bon page-turner, capable de me tenir en haleine jusqu’au bout. Copycat semblait être le choix tout indiqué. Si j’ai effectivement tourné frénétiquement chaque page et enchaîné les chapitres sans les voir défiler, je n’ai toutefois pas été pleinement convaincue par cette histoire.
Commençons déjà par ce que j’ai apprécié. La pression ! Cette pression énorme, pernicieuse, implacable, qui se referme aussi bien sur l’héroïne que sur le lecteur. Cette impression tenace que le danger se cache derrière chaque nouvelle page. Pour ça, je tire mon chapeau à l’auteur, car ce n’est pas facile d’instaurer une telle ambiance et la faire tenir sur la longueur.
Sarah est soumise à des situations inédites, et chaque attaque indirecte à son encontre me valait des sueurs froides. Alex Lake rivalise d’ingéniosité, les idées sont tout bonnement géniales, le couperet tombe au moment le moins prévisible, et on attend le prochain, et le suivant encore, avec l’appréhension agrippée au ventre. La plume de l’auteur, si elle reste simple, n’en est pas moins porteuse d’une sacrée dose de stress. Il a une manière admirable de faire monter la pression crescendo, et chaque sursaut survient au moment où on commence à se relâcher.
Ce roman soulève aussi quelques questions, alors que nous vivons une ère hyperconnectée, où la notion de l’intime n’est plus si évidente pour tout le monde. Nombreux sont ceux qui l’oublient, mais on s’expose énormément sur les réseaux sociaux. Certains étalent leur quotidien comme dans une vitrine, partagent des tranches de vie ou encore les photos de leurs enfants. L’ennui, c’est que les lois ne protègent pas encore tous les aspects des déviances qui peuvent survenir. N’importe qui pourrait s’adonner à la forme de harcèlement dont l’héroïne est la victime, sans encourir de peine pour autant. Car c’est presque anodin tant c’est vicieux. Trop subtil pour être alarmant, et pourtant si dangereux, si lourd de conséquences. Rien que pour cela, Copycat est un livre qui pousse à la réflexion.
Il y a toutefois des points qui m’ont davantage chiffonnée. En premier lieu, je ne me suis pas attachée à Sarah. Je l’ai trouvée assez antipathique sans réussir à m’expliquer pourquoi. Il y avait quelque chose chez elle qui me dérangeait, mais impossible de mettre le doigt dessus avec précision. En revanche, je n’ai eu aucun mal à me mettre à sa place, ce qui n’est pas si paradoxal que cela, compte tenu du fait que la situation dans laquelle elle se trouve est sacrément anxiogène.
Ensuite, j’ai rencontré un problème avec la narration, et plus précisément au niveau des micro-chapitres du copycat qui m’ont paru, dans l’ensemble, assez mal écrits. Ce sont de vrais palabres de méchant, assez répétitifs et sans grandes variations. J’ai bien compris que leur utilité résidait dans l’inquiétude qu’ils étaient supposés générer chez le lecteur, mais ça a un peu émoussé mes appréhensions, car ça donnait un visage à la menace planant au-dessus de Sarah. Impalpable, muette et invisible, elle aurait eu, selon moi, beaucoup plus d’impact. Ici, on ressent la haine du copycat à l’encontre de l’héroïne. Ça le rend donc plus humain, et donc moins impressionnant.
À présent, la planification, l’attente et l’observation touchent à leur fin, les choses sérieuses commencent. Tisser cette toile complexe a pris si longtemps. Maintenant qu’elle en a attrapé un fil, elle va se mettre à tirer. Et la toile se défera de mille façons qui, toutes, dépassent son imagination. Car il y a tant de fils. Et quand elle croira avoir fait des progès, quand elle croira voir le tableau d’ensemble, elle découvrira la vérité.
En défaisant la toile, elle ne réussira qu’à s’empêtrer dedans.
Et ne pourra plus bouger.
Tel un poisson dans un filet. Plus elle luttera, plus le filet se resserrera autour d’elle.
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune issue possible.
Quant à l’identité même du copycat, j’ai sans trop de problème recoupé les infos me permettant de le démasquer avant l’heure. De ce côté-là, c’est clairement une déception, car c’était beaucoup trop gros. D’autant qu’une fois le moment de la big révélation arrivé, tout mon intérêt s’est émoussé. J’ai trouvé ça exagéré, surjoué, presque indigeste à lire. Autant je m’étais passionnée pour la première partie de l’intrigue, autant une fois qu’on comprendle pourquoi du comment, la suite perd quelque peu de son piquant.
En résumé, Copycat est un page-turner déboussolant, qui a mis mes nerfs à rude épreuve. L’histoire commence avec une usurpation d’identité et prend une ampleur insoupçonnée ; le tout est porté par des desseins bien mystérieux qu’on se plaît à imaginer. Si j’ai pris plaisir à lire plus de la moitié du roman, j’ai néanmoins démasqué le coupable avant l’heure, et les explications finales n’ont pas su me satisfaire tout à fait. |
UN AUTRE AVIS ?