Imaginez une maison comme n’importe quelle autre. Dedans, une pièce. Dans cette pièce, une armoire. Derrière cette armoire, une porte. Au-delà de cette porte, des escaliers. Et en bas, une cave. Une cave où sont séquestrées trois filles, Rose, Iris et Violette, soumises à la folie maniaque et meurtrière d’un homme : Trèfle.
Dans une autre maison, dans une ville où il ne se passe jamais rien, Summer mène une vie parfaitement banale. Elle a des parents, un frère, des copines, un petit ami. Mais un soir, sa route croise celle de Trèfle, et Summer ne rentre pas chez elle. Elle se retrouve enfermée dans une cave en compagnie des autres filles et rebaptisée Lilas. Mais contrairement aux autres filles, elle n’est pas prête à accepter son sort jusqu’à faner et dépérir… |
Ce thriller s’est en quelque sorte imposé à moi. J’ai vu la couverture – entre la noirceur du fond et la délicatesse du lys – j’ai lu le résumé… et là, c’était une évidence, il me le fallait ! Et j’ai eu du flair, car La cave a été une excellente lecture qui m’a plongée au cœur d’une situation sans issue.
Summer a seize ans. Entourée d’une famille aimante, d’un petit ami amoureux comme au premier jour et d’amis fidèles, elle a tout pour être heureuse. Sa vie bascule le jour où un homme la kidnappe. Jetée au milieu d’autres filles, Summer se voit rebaptisée Lilas par son ravisseur, qui lui, se fait appeler Trèfle. Commence alors un combat de tous les instants pour l’adolescence. Sa captivité va la conduire dans un cauchemar qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Mais Summer ne compte pas perdre son identité et accepter son sort sans se battre avant.
Je m’attendais à quelque chose de dur, en commençant ce roman. Je m’attendais à une déferlante de noirceur et de douleur… Natasha Preston ne m’a pas déçue, de ce côté-là. La cave réunit tous les ingrédients pour faire un bon thriller : un suspens intense, un sentiment de découragement constant et des héros actuels.
D’un côté, nous suivons Summer et sa lente descente aux enfers. Je me suis sentie en phase avec ce personnage très réaliste, qui oscille entre espoir et désespoir et cherche à se raccrocher comme elle peut à sa vie d’avant pour ne pas se perdre en chemin. Summer, malgré sa terreur, est une jeune fille forte qui fait preuve de beaucoup de courage. Ce n’est pas une héroïne parfaite, on la sent démolie, jour après jour, à mesure qu’elle perd son innocence et son optimisme. Y assister, c’est presque au-dessus des forces du lecteur. On aimerait plonger dans le livre pour lui venir en aide, ou au moins lui glisser quelques paroles d’encouragement.
Dans cette cave, aménagée comme un appartement, Summer va faire la rencontre de trois autres filles : Rose, Violette et Iris. J’ai trouvé ça très intéressant de voir comment la claustration peut agir suivant les tempéraments. Le syndrome de Stockholm est travaillé d’une remarquable manière, sans parler de la palette de caractères que nous offre l’auteur.
D’un autre côté, on suit Lewis, le petit ami de Summer. Lui est persuadé que la fille qu’il aime n’est pas morte et se met en quête de la retrouver coûte que coûte. Son courage et son opiniâtreté forcent le respect. Lewis est un héros qui n’a pas froid aux yeux et qui n’aime pas à moitié.
Enfin, Natasha Preston donne la parole à Trèfle, le fameux kidnappeur. Personnellement, c’était les passages que j’attendais avec le plus d’impatience, car ils nous permettaient de creuser son âme tourmentée, en retournant à la source et au moment où ses obsessions ont commencé. N’avez-vous jamais eu envie de vous retrouver dans la tête d’un psychopathe en puissance sans conscience morbide ? D’un homme persuadé d’œuvrer pour le bien dans chacun de ses actes ? Pourquoi ce qui est condamnable pour nous ne l’est pas pour lui, et vice versa ?
Vers la fin du roman, je me suis sentie de plus en plus intenable. Lewis commence à toucher du bout des doigts la vérité, et c’est à ce moment précis que ça devient insupportable. On a envie de connaître la fin, de cesser cette torture. Natasha Preston prend plaisir à nous donner un peu d’espoir avant de nous le retirer. Ses personnages sont rudoyés, et assister à ça en simple spectateur, c’est affreux !
Néanmoins, je suis un peu déçue concernant cette fin. J’ai apprécié le soin apporté à certains aspects de l’intrigue, mais il y a un moment clé de l’histoire qui finalement ne nous ait relaté que très superficiellement. J’aurais aimé m’attarder dessus (mieux, y assister !), et suivre Trèfle et ses obnubilations jusqu’au bout.
En résumé, La cave est un roman effrayant dans son réalisme, saisissant dans son intensité, qui m’a tenue en haleine de bout en bout. Ce roman est un excellent thriller psychologique qui donne à réfléchir sur nos propres capacités de résilience. Natasha Preston, de sa plume simple et efficace, retrace le parcours d’une jeune fille combative, et ça a le mérite de nous glacer jusqu’à l’os. |