On ne choisit pas sa famille. Encore moins celle de son ravisseur...
Condamné pour un meurtre qu'il n'a pas commis, Max Ender a été jeté en pâture à ses codétenus par ceux-là mêmes censés assurer l'ordre et la discipline au sein de la prison. Lorsqu'il est reconnu innocent et libéré, ce n'est plus le même homme. Il n'a désormais plus qu'une seule idée en tête : se venger de cette société qu'il hait par-dessus tout. Pour frapper ses bourreaux au coeur, il va enlever leurs enfants et, méthodiquement, au fil des ans, faire de ces petits anges des bêtes féroces avant de les envoyer punir ses tortionnaires à sa place. Tout se déroulera selon ses plans jusqu'à ce qu'une de ses créatures lui échappe et disparaisse dans la nature... |
Il ne m’a pas fallu longtemps pour décider que je voulais tenir ce livre entre mes mains. Je n’ai pas vu de résumé ni de couverture, Il y a juste eu le nom « Claire Favan », et la magie a opéré : j’ai sauté dessus, le cerveau branché sur off. Parce que pour ceux qui l’ignoreraient, cette auteur a écrit le meilleur thriller que j’ai pu lire à ce jour, j’ai nommé : Serre-moi fort. Un roman dévoré l’année dernière et qui m’a mis la tête à l’envers. C’est pourquoi j’avais une totale confiance en commençant Dompteur d’anges, je savais avant même de l’ouvrir que ce serait un coup de massue. Mon instinct ne m’a pas trompé, au contraire, il m’a simplement prouvé que j’étais encore bien en dessous de la vérité.
Dompteur d’anges, c’est une histoire que je serais bien en peine de vous résumer, sous peine de vous spoiler. Je vous déconseille de lire le résumé, car il gâche une partie de la surprise. Le peu que je peux dire, c’est qu’au début du roman, on suit un jeune homme, Max, condamné à la prison à perpétuité pour un crime qu’il n’a pas commis. Avec la complicité des matons, il vit le pire dans cet endroit, jusqu'à y perdre son âme. Bien des années plus tard, il est finalement innocenté et libre de sortir. Ce qui a changé, c'est que Max n'est plus le Max qui a été condamné. Il est à présent rongé par la colère, la rage et le ressentiment. Et il est bien décidé à se venger de ceux qui lui ont fait ça... Ce résumé est infime, un élément presque dérisoire de l’intrigue. Ce qui se passe dans Dompteur d’anges n’est qu’une plongée dans les méandres d’un récit toujours plus profond et insondable.
Il faut d’abord savoir que, comme pour Serre-moi fort, le roman est divisé en trois parties bien distinctes. La première était insoutenable, elle m'a entraînée dans une terrible spirale dont j'ai cru ne pas sortir. On oscille entre plusieurs sentiments au fil des pages et Claire Favan joue avec nos sentiments sans le moindre état d'âme. Toutes mes émotions se télescopaient : fureur, incrédulité, hébétude, pitié et aussi, bien cachée dans les recoins du récit, une infime source d'espoir. À la fin de cette première partie, j’étais complètement bouleversée par la tournure que prenaient les évènements, tiraillée entre le soulagement et la crainte de ce qui était en train de se produire.
La deuxième partie nous offre une ellipse dans laquelle on oublie presque Max et ses obsessions. Seulement, c'est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît, et la tension monte crescendo. Durant toute ma lecture de cette partie, un mauvais pressentiment me tenaillait, impossible de m'en séparer, je sentais que quelque chose se tramait dans l’ombre.
Enfin, dans la troisième et dernière partie, la vapeur se renverse et on assiste à un combat de fauves. La pression devient particulièrement forte et le héros se retrouve acculé de toutes parts. On se demande comment il va pouvoir se sortir de cet horrible bourbier. Progressivement, Claire Favan nous rapproche du point culminant, celui du non-retour. Elle procède par étapes, avec une précision quasi chirurgicale, et c’est impossible de deviner ce qui nous attend au bout du chemin.
Il m’est difficile de vous expliquer à quel point ce roman est une bombe atomique, j’aimerais vous parler du héros, celui qui prend de l'ampleur dans la deuxième moitié du roman. Un héros bluffant, capable de tout – même du pire ! – pour se protéger, lui et ceux qu'il aime. Un héros irréprochable en apparence qui, malgré ses écarts et les tentations, est d'une rigueur appliquée et fait de son mieux pour ne pas s’écarter du droit chemin. Un héros qui n'a rien d'un enfant de coeur, mais que l’on ne veut surtout pas perdre.
Les scénarios de Claire Favan me coupent le souffle. Après Serre-moi fort, voilà qu’elle m’entraîne dans une histoire terrible, qui écorche le cœur, dévore les tripes et empli de colère ! Cette auteur est… horriblement sadique (voilà, je l’ai dit !). Elle arrive à nous faire aimer ses personnages en deux secondes, puis elle s'applique à les détruire sous nos yeux. Consciencieusement. Méthodiquement.
Tout est pensé dans les moindres détails. De chaque action découlent de multiples conséquences, auxquelles on ne pense pas toujours du premier coup. Évidemment Claire Favan a toujours un coup d'avance sur nous et sait très bien comment prendre ses lecteurs par surprise. J’avais beau me répéter inlassablement qu’elle avait quelque chose derrière la tête, je ne parvenais à le découvrir que lorsqu’elle l’avait décidé. Connaissant un peu le style de l'auteur, je me doutais qu'il restait une toute dernière surprise pour le grand final. Une surprise de taille, que je n'avais pas vue venir. Cette fin est... originale. Un peu spéciale aussi, mais je trouve que c'est le genre de conclusion que l’on ne peut pas deviner à l’avance, tant elle est incongrue.
Ne vous attendez pas à un récit qui vous ménagera et vous protégera des chocs un peu trop durs. Préparez-vous plutôt à rendre vos tripes et sentir votre cœur battre à toute allure dans les moments les plus critiques.
En résumé, je suis une fois encore soufflée par ce thriller de grande envergure. Avec Dompteur d’anges, Claire Favan joue avec nos nerfs sans trop se presser. Elle nous prouve que la monstruosité peut se cacher chez n’importe qui et surgir n’importe quand. Elle nous montre qu’on ne peut pas se fier à nos certitudes, car tout peut basculer en un instant. Cette auteur est une valeur sûre, car chacun de ses romans a su éveiller en moi de puissantes émotions.
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