Le jour, Judith Rashleigh est assistante dans un hôtel de ventes aux enchères londonien qui l’exploite malgré ses diplômes et son talent. La nuit, elle officie dans un bar à hôtesses où elle séduit sans effort.
Judith sait qu’elle doit jouer le jeu. Pour faire carrière et pour charmer les hommes, elle a appris à être une gentille fille… Jusqu’à ce qu’elle découvre une gigantesque escroquerie autour d’une fausse toile de maître. Licenciée avant d’avoir pu faire éclater le scandale, Judith décide de fuir avec un riche client sur la Côte d’Azur. Là-bas, un monde décadent et corrompu les attend. Là-bas, elle goûtera à la vengeance. La gentille fille deviendra femme fatale. |
Bon, écrire cette chronique va être très difficile, car Maestra est une lecture qui a éveillé des sentiments déroutants et parfois contradictoires chez moi. Mon avis ne se cantonnera pas à “j’ai aimé” ou “je n’ai pas aimé”. Ce que j’ai découvert dans cette lecture nécessite un peu plus de développement.
Encensé par la critique, Maestra a fait parler de lui bien avant sa sortie. Il n’était donc pas question que je passe à côté. Jusqu’à présent, les livres de la collection thriller de Robert Laffont m’ont toujours ébranlée. J’en ressortais chaque fois soufflée et admirative. Avec Maestra, mon sentiment est plus… mitigé, je dirais. Ce n’est clairement pas mon genre de lecture ; j’ai été franchement dérangée, mais on ne peut pas nier le talent de L.S Hilton. Non, je n’ai pas apprécié ce roman comme j’ai pu apprécier les autres thrillers de La Bête Noire, mais j’ai ressenti le désir de pousser toujours plus loin ma lecture, parce que malgré tout ce qui me dérangeait, l’auteur me tenait entre ses griffes.
Nous suivons Judith Rashleigh, qui travaille dans un hôtel de ventes aux enchères d’art à Londres, comme assistante. Surqualifiée pour cette emploi, ses qualités ne sont pas reconnues, et la jeune femme est traitée comme une subalterne. Frustrée, elle décide de prendre un deuxième job, comme hôtesse dans un bar à champagne (pour ne pas dire escort-girl). Judith s’assume, aime l’argent et ne le cache pas. Les choses s’accélèrent lorsqu’elle perd son emploi d’assistante et qu’elle décide de ferrer un gros client en le suivant sur la Côte d’Azur. Judith ne se doute pas un seul instant dans quelle histoire elle met les pieds. Meurtre, art, mode et sexe se côtoient étroitement dans une spirale infernale.
Depuis sa sortie, on a souvent comparé ce livre à 50 nuances de Grey, ce que je ne m’explique pas. Le côté érotique est très présent, c’est exact, mais il n’y a pas l’ombre d’une histoire d’amour cucul la praline qui se dessine en arrière-plan. L’auteur nous offre du cru et du faste, ce qui, je dois bien l’admettre, donne un résultat assez surprenant.
Je ne suis pas parvenu à apprécier le roman du fait qu’entre Judith et moi, ça n’a pas collé. C’est une très bonne anti-héroïne, ça, c’est certain, mais elle a une personnalité à laquelle il est difficile de s’identifier. Sulfureuse, sournoise et fatale, elle est comme un serpent venimeux qui jauge sa proie avant de frapper. Son désir de vengeance n’occulte pas pour autant sa soif de contact charnel, ses instincts sont totalement débridés et finissent par en devenir obscènes. On ne peut pas dire que je sois prude – il m’arrive de me pencher sur la littérature érotique –, mais là, c’est froid, presque chirurgical, il n’y a aucune place pour les sentiments. D’érotique, le roman bascule rapidement dans la pornographie. D’autant plus que la sexualité tient une place non négligeable tout le long de l’histoire, et j’avais tendance à automatiquement chercher le paragraphe suivant pour passer à autre chose, car à la longue, ça en devenait lassant.
Ce qui est assez spécial avec Judith, c’est que même si on ne l’aime pas, elle n’a de cesse de nous prendre par surprise. Elle a des objectifs bien précis et est prête à tout pour y parvenir. Elle assume ce qu’elle fait et ce qu’elle est sans sourciller, n’hésitant pas à manipuler, mentir et simuler. C’est une héroïne déterminée, entreprenante et très calculatrice.
En dehors de ça, j’ai été agréablement surprise par le cadre mis en place par L.S Hilton. Le milieu de l’art est fascinant, et lorsqu’il est couplé à l’aspect criminel, ça donne un mélange particulièrement original. Cette trame de femme fatale qui utilise sa sexualité et sa ruse pour arriver à ses fins se révèle aussi effrayante qu’impressionnante.
La plume de l’auteur est travaillée, aboutie. En dehors de l’érotisme trop présent qui m’a fait freiner des quatre fers, j’ai néanmoins bien accroché à l’intrigue, avec l’envie de connaître la suite. L’univers est riche, élaboré avec soin, et laisse entrevoir les dessous d’un commerce parfois déloyal et malhonnête.
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En résumé, L.S Hilton est une auteur qui ne manque pas d’audace. Si Maestra m’a laissé un sentiment mitigé, je dois reconnaître qu’il est doté de qualités indéniables, qui feront vibrer la corde sensible de certains lecteurs. En ce qui me concerne, j’ai trouvé l’intrigue accrocheuse, mais l’héroïne imprévisible et sans scrupule m’a empêchée de me sentir complètement à l’aise. Le côté érotique cru a été un véritable frein dans ma lecture, également.
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MA NOTE FINALE :
REMERCIEMENTS
Je remercie Cécile ainsi que les éditions Robert Laffont pour cette lecture et pour leur confiance.