Méfiez-vous de qui vous tend les bras... " Serre-moi fort. " Cela pourrait être un appel au secours désespéré. Du jeune Nick, d'abord. Marqué par la disparition inexpliquée de sa soeur, il est contraint de vivre dans un foyer brisé par l'incertitude et l'absence. Obsédés par leur quête de vérité, ses parents sont sur les traces de l'Origamiste, un tueur en série qui sévit depuis des années en toute impunité. Du lieutenant Adam Gibson, ensuite. Chargé de diriger l'enquête sur la découverte d'un effroyable charnier dans l'Alabama, il doit rendre leur identité à chacune des femmes assassinées pour espérer remonter la piste du tueur. Mais Adam prend le risque de trop, celui qui va inverser le sens de la traque. Commence alors, entre le policier et le meurtrier, un affrontement psycho logique d'une rare violence...
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Si je ne suis pas très amatrice de thrillers, ceux de la Collection Bête Noire m'ont toujours retournée ! Et avec Serre-moi fort, je crois qu'on vient de passer un nouveau cap. Car un livre comme celui-là, je n'en ai clairement jamais lu de ma vie, sans rire. Le roman de Claire Favan m'a rappelé pourquoi mon blog existait : Pour faire connaître des pépites inédites comme celle-ci.
Le roman est divisé en trois actes bien distincts. Dans le premier, nous faisons la connaissance de Nick, un adolescent qui souffre des mauvais traitements que lui inflige sa sœur. Mais le jour où celle-ci disparaît sans laisser la moindre trace, toute la famille est aux abois. Sa mère s'enfonce dans une profonde dépression et son père sombre dans l'alcoolisme. Nick doit donc se débrouiller seul. Ces parents n'émergent que bien des années plus tard et ne vivent bientôt plus que dans l'espoir de découvrir ce qui est arrivé à leur fille.
Dans la deuxième partie, nous rencontrons Adam, brillant policier qui vient de perdre sa femme. Celle-ci a succombé à un cancer, laissant derrière elle un veuf éploré et deux enfants qui vivent leur deuil de façon diamétralement opposée. Lorsqu'une grotte contenant des cadavres momifiés est découverte, c'est Adam qui est mis sur l'affaire. Le policier doit découvrir l'identité de ces morts et trouver le tueur.
La troisième partie ? Haha, ne comptez pas sur moi pour en parler. C'est la meilleure de toutes et elle mérite d'être gardée sous silence.
Ça n'a pas l'air comme ça, mais je n'ai pas encore les mots pour qualifier Serre-moi fort. Une merveille ? Une bombe ? C'est encore bien faible comparé à ce que j'ai ressenti.
La première partie m'a bouffée de l'intérieur. Et j'exagère à peine. Je ne pouvais pas m'empêcher de compatir pour Nick, le vilain petit canard de la famille, celui qu'on remarque à peine et qui doit se plier aux lubies pathologiques de ses parents. Je me suis sentie tellement en phase avec ce personnage durant cette partie... Le lecteur ne peut que nourrir une immense empathie à son égard. C'est plus fort que tout. J'ai ressenti des élans virulents envers ses parents, ces êtres incapables de voir que s'ils ont perdu un enfant, il leur en reste encore un, qui ne demande qu'un peu de tendresse. Qu'on le serre fort, tout simplement.
Et puis à la fin de cet acte, l'auteur lâche une énorme bombe et tout - absolument tout - est remis en question. Et vous savez quoi ? Ça ne tient qu'en une phrase. Une ! Elle m'a plongée dans un tel état d'hébétude que j'ai dû couper court à ma lecture, tant la confusion était grande.
Un peu plus tard, en entamant la deuxième partie, mon enthousiasme est un peu retombé. Après un moment intense passé avec Nick, j'avais la sensation (trompeuse) que je n'allais pas m'attacher à Adam. N'oublions pas que je ne raffole pas beaucoup des livres policiers. Mais en fait, cette transition, c'était comme si l'auteur prenait son élan pour de nouveaux bouleversements. Et là je peux vous assurer que cette partie dévore le lecteur tout cru et donne envie de rendre tripes et boyaux. On atteint les sommets de la bestialité. Naïvement, je pensais que ce serait la partie la plus insoutenable ah ah ! Adam m'a encore plus touché que Nick sur la fin, j'ai vraiment senti une connexion, une peine que j'avais envie de partager. Parce que oui, on finit vite par oublier que les personnages sont fictifs et ne peuvent pas sortir du livre.
La troisième partie constitue l'apothéose, la cerise sur le gâteau. Pour tout vous dire, je l'ai lu dans la voiture et j'agrippais la manche de mon copain tellement c'était insoutenable et frustrant. Je devais même faire quelques pauses entre les chapitres pour me remettre de la souffrance psychologique que cette histoire engendrait. C'est un charivari de sensations contradictoires et de conflits internes qui se joue.
Ça vous est déjà arrivé d'aimer un livre à tel point que vous n'avez qu'une envie : arriver à la fin le plus vite possible pour savoir comment ça se goupille ? Combien de fois ne me suis-je pas retenue de lire les dernières pages, juste pour me rassurer ? Graaaaah que de frustrations ! Cette fin, en plus, est assez logique. Inconsciemment, je me doutais que ça ne pouvait se terminer que de cette façon, qu'il n'y avait pas d'autre manière de clore les aventures de nos héros.
Ce que j'ai le plus aimé dans Serre-moi fort, c'est que l'auteur a construit son histoire d'une façon atypique. Habituellement, dans un thriller, on découvre l'identité du tueur à la fin. Eh bien là, c'est juste tout le contraire. Oh, rassurez-vous, une fois le livre terminé, il ne reste plus la moindre zone d'ombre, mais j'admire la virtuosité avec laquelle l'auteur a su construire son histoire, en faisant tout dans le désordre et en nous tenant en haleine jusqu'au tout dernier mot.
En résumé, Serre-moi fort est une claque dans le museau. Il faudrait que je pense à inventer une mention plus haute que le coup de foudre. Un livre qui m'a serré l'estomac, m'a laissée coite, retournée, chagrinée, bluffée. À ce jour, ce thriller-policier est le meilleur que j'ai pu lire. Ne pas se le procurer serait une erreur monumentale ! |