Un excentrique milliardaire, qui se fait appeler Le Marquis, a fondé une société secrète : les Voluptueuses.
La rumeur prétend qu'il a fait construire une réplique du château de Versailles, quelque part sur une île privée au large de l Écosse, et qu'une centaine de privilégiés y mènent une vie de rêve. Charlotte et Billy sont prêts à tout pour quitter leur sordide village natal même à tenter l'impossible. Ils ont de la chance, cette année : le Marquis organise un casting sauvage pour intégrer de nouveaux membres aux Voluptueuses. Huit jeunes artistes, dont eux, rejoindront finalement l'île paradisiaque où s'ébat la communauté. Mais la vie de château leur réserve bien des surprises... |
J'ai tout de suite accroché avec la couverture. Je lui ai trouvé un petit côté rock. J'avais envie de changer de mes lectures habituelles et partir à la découverte d'une nouvelle plume, d'un univers très singulier (et ô combien décalé !).
Charlotte mène une vie assommante dans une petite ville perdue. Orpheline, elle partage ses journées entre la plonge, sa tante et son meilleur ami Billy qu’elle aime plus que tout au monde. Le jour où celui-ci lui parle des Voluptueuses, une société secrète dans laquelle tout le monde vit à l'époque de la Renaissance et coupée du reste du monde sur une île, elle ne sait pas comment réagir. Billy lui, souhaite participer au casting sauvage qui se déroulera à Paris et ne compte pas laisser son amie derrière lui. C’est ainsi que la jeune fille va faire son entrée dans un club très spécial, où les manigances côtoient les mystères. Que cachent cette île et surtout son propriétaire, celui que tout le monde appelle le Marquis ?
Qui n’a jamais eu envie de vivre ne serait-ce qu’une journée dans la peau d’un sujet du Roi Soleil ? Qui n’a pas eu envie de se glisser dans des vêtements luxueux et se prendre, l’espace de quelques minutes, pour le membre d’une Cour prestigieuse que l’on relate dans les bouquins d’Histoire ? Joanne Richoux l’a fait ! Elle a créé de toute pièce un scénario rocambolesque, dans lequel son héroïne Charlotte va se retrouver entraînée bien malgré elle.
Ce que j'aime avec les éditions Sarbacane c'est que chaque livre nous permet de découvrir une nouvelle plume francophone. Le plus souvent, ces plumes ont une personnalité bien à elles, et Marquise ne fait pas exception à la règle. Le registre est familier mais maîtrisé. Drôle, un peu grinçant, sans jamais tomber dans le ridicule. Joanne Richoux sait ce qu’elle fait, elle joue malicieusement avec son lecteur, le perd volontairement pour lui en mettre plein la vue la page suivante.
Au début, je ne savais pas trop de quelle manière prendre ce roman. L’auteur a une manière très particulière de relater les événements, et j'étais incapable de savoir à l'avance dans quoi je mettais les pieds. L'histoire tout entière baigne dans une ambiance complètement surréaliste, presque éthérée.
Dans les premières pages, Charlotte subit un peu ce qui lui arrive. Désireuse de ne pas perdre Billy, elle le suit sans grande conviction. Mais très vite son caractère impétueux refait surface, pour le plus grand plaisir du lecteur ! Charlotte, c'est l'électron libre qui ne tient pas en place. D'une simplicité charmante, elle n'a cependant pas la langue dans sa poche et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense sans prendre de gants. Le genre d'héroïnes qui me plait, en somme.
Entre Billy et Charlotte, j’ai tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. Leur relation m’a fait l’impression d’être en carton-plâtre. Il y a un sérieux manque de communication entre eux, une série de non-dits et d'occasions manquées qui finissent par brimer leur duo. Ce qui était censé les rapprocher risque de mettre leur relation en péril.
Ce qui se joue sur l’île se passe de mots. On va de déconfiture en déconfiture, plus on avance et plus l’intrigue s’approfondit, s’assombrit. C’est une surenchère d’événements plus étranges les uns que les autres. Et c’est là que le talent de Joanne Richoux s’exprime le mieux : elle fait en sorte que son récit soit le plus bizarre possible. Elle insuffle un certain malaise, mêlé à une incrédulité grandissante.
J’ai eu une petite baisse d’attention vers la moitié du roman. Je me sentais face à un spécimen de livre encore inconnu, j’étais incapable de savoir si j’appréciais ma lecture – malgré ses qualités évidentes – ou ce que j’allais pouvoir raconter dans ma chronique.
Je trouvais l'histoire sympathique. Pas non plus transcendante, un peu tirée par les cheveux, mais sympathique tout de même. Puis arrive la fin. Là, j'ai complètement HA-LLU-CI-NÉ. La chute du roman est sacrément osée, elle envoie valdinguer toutes nos certitudes. En quelques mots : j'ai adoré. Et si j'ai autant aimé, c'est principalement parce que l'auteur m'a retourné le cerveau et parce que Charlotte n'a pas failli à son rôle d'indomptable. Je vous dirais bien que j'en aimerais plus, mais avec du recul, cette fin se suffit à elle-même et nous donne l'impression d'avoir été bien dupés !
En résumé, Marquise fait partie de ces ouvrages qui ne rentrent pas dans les cases. Dans un décor presque irréel, nous suivons les aventures d’une héroïne au caractère bien trempé. Si une partie de roman m’a paru sympathique sans plus, j’ai néanmoins totalement adhéré à cette fin incroyable, qui chamboule toutes nos certitudes. Une vaste fumisterie qui laisse sans voix et la bouche grande ouverte !
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REMERCIEMENTS
Un très grand merci aux Éditions Sarbacane et à Audrey pour cette lecture !