Quelques saisons ? Quelques mois ? Avril ne sait pas combien de jours il reste à sa mémé avant « d'appuyer sur Étoile ».
La maladie est revenue, et ça fait peur. Mais Avril est prête à tout pour tenter de rendre les derniers jours de sa mémé plus beaux, moins durs. Il faut dire que mémé, ce n'est pas le genre chandail & tisane. Elle a passé sa vie dans les lumières tamisées d'un bar à champagne ; elle a chanté, dansé, aimé plus que d autres en mille vies ; alors, pas question pour elle de mourir les yeux rivés sur un plafond blanc ! Un jour, à l'hôpital, elle expose son rêve à Avril : s'éteindre tout en haut d une montagne, près des |
étoiles. Assez près pour les toucher. Projet fou ? Impossible ? Sauf qu'Avril a justement l énergie qui déplace les montagnes. La Mort gagnera sans doute, à la fin; mais elle a affaire à deux sacrées combattantes.
Les romans de cette maison d’édition me laissent chaque fois une impression particulière, tenace. Aux premiers abords, ils sont simples, leur format est court, mais il s’avère qu’ils renferment une justesse et une richesse assez incroyables. Je savais avant même de commencer Appuyez sur étoile qu’il s’agirait d’un récit singulier qui allait, d’une manière ou d’une autre, me toucher en plein cœur.
Avril, 19 ans, vit dans une petite ville tranquille et travaille comme coiffeuse à domicile. Mais son grand rêve, c’est de percer dans le milieu de la coiffure. Pour ça, elle est prête à tout essayer. À côté de ça, c’est un plaisir pour elle de s’occuper de sa fidèle clientèle : des petites mamies parfois dures de la feuille, mais toujours attachantes.
Nous suivons également Tarik, son meilleur ami, qui aimerait par-dessus tout ouvrir le premier kebab étoilé ; le père d’Avril qui s’extirpe péniblement d’un divorce qui l’a laissé morcelé ; et puis Mémé… Mémé, la grand-mère d’Avril, qui apprend subitement que sa garce de tumeur au cerveau est revenue. C’est toute la vie d’Avril qui s’en trouve chamboulée. La jeune fille décide alors de lui offrir un au revoir digne de ce nom, elle qui rêve de voir les étoiles.
Lire Appuyez sur étoile m’a donné l’impression de me retrouver en pleine mer et d’être ballotée par les remous des vagues – parfois violents, parfois berçants. On se laisse porter par le courant, subissant de temps à autre les remous terrifiants de l’existence : la maladie, la peur, le sentiment de perte. La vie, tout simplement.
Car c’est ce que Sabrina Bensalah nous présente : une ode à la vie. Sa plume dégage une telle humanité et une telle simplicité qu'on se laisse tout simplement entraîner par l'authenticité de ces tranches de vie. Le temps de quelques saisons, Sabrina Bensalah célèbre la vie et l'amour. L'insouciance et le deuil. L'espoir et le déclin. Les petites joies et la fatalité se mêlent pour créer une histoire qui retrace ce à quoi nous serons tous confrontés un jour.
Les personnages sont simples et imparfaits. Des monsieur et madame tout le monde à travers lesquels on se retrouvera forcément. D’abord Avril et Tarik, deux amis de longue date, différents, mais pétris de rêves et d'aspirations. J’ai aimé leur relation sans chichis et belle dans sa sobriété.
Je suis tombée sous le charme de Mémé. Une grand-mère adorable, gentiment confuse, qui adore radoter et raconter des histoires déjà entendues mille fois. Une Avril qui l'aime profondément et qui s'investit dans la vie des autres d'une remarquable manière, sans jamais forcer les choses. Un Tarik amusant et rêveur, aussi fort qu'un chêne sous lequel on pourrait se reposer. Un père aussi fiable qu'un roc qui cache pourtant des blessures béantes. Une brochette de personnages qui n'ont rien de super-héros, et qui pourtant, laissent inévitablement leur trace.
La plume et une petite merveille, avec un style unique sans en avoir l'air. Un soupçon de poésie, un lyrisme qui n'appartient qu'à Sabrina Bensalah et le tour est joué. Et je ne peux décemment pas terminer cette chronique sans partager avec vous un petit bout de son travail :
C'est votre visage qui m'intéresse et vos cheveux surtout. Un visage marqué, c'est bien plus qu'une question de beauté. Chaque ride est une ligne de vie. Vous voyez celle qui court le long de vos yeux ? C'est un sillon creusé par une larme de joie quand votre fils est né. Et celle-ci, cette ride un peu plus longue tout près de votre bouche ? C'est votre appétit de vivre.
REMERCIEMENTS
Merci aux éditions Sarbacane – et tout particulièrement à Audrey – pour leur confiance.