Qu’elle va être belle la vie quand Tally Youngblood aura seize ans. Après l’opération, elle ira chez les Pretties. Parce que la vie à Uglyville, ce n’est rien comparé à celle qui l’attend à New Pretty Town. Dans ce futur éloigné, les gens sont normaux jusqu’à seize ans. On les rend parfaits ensuite. Évidemment, ils ont alors tendance à tous se ressembler, parce qu’une fois qu’on a défini la perfection, on s’y tient. Et dans ce beau monde uniformisé, paradis high-tech, Tally se mariera et ira habiter en banlieue pour y perpétuer le cycle « vertueux». Mais cette société idyllique n’a-t-elle pas oublié quelque chose ? Et est-elle si parfaite ? Tally devra attendre pour s’en assurer:
|
son amie, Shay, a pris la poudre d’escampette. Plus question d’opération tant qu’elle ne l’aura pas ramenée. Un récit plein d’intelligence et d'originalité.
Ce livre m'a été chaudement conseillé, et en temps que mordue de dystopie, il était impossible que je ne me fasse pas mon propre avis. Je ne suis pas partie avec de grosses attentes, disons que les termes "Uglyville" et "New Pretty town" m'avaient laissé sceptique. Je m'attendais à tomber sur une grosse caricature, et finalement pas du tout, c'était une belle surprise.
Le synopsis résume très bien l'histoire. Tally est une jeune fille de 15 ans, conditionnée depuis le plus jeune âge à se considérer comme moche et honteuse de son apparence. Car Tally vit dans une société futuriste qui prône un modèle de beauté bien particulier et oblige les jeunes uglies à se plier à leur façon de vivre. Que ce soit à l'école ou auprès de ses parents, on persuade Tally qu'être moche est une tare et qu'elle est loin des critères de beauté standards avec son strabisme et ses cheveux frisés.
La société qui nous est décrite a mis au point une opération chirurgicale consistant à rendre les uglies de 16 ans beaux. C'est ainsi qu'ils deviennent pretties. Tally rêve déjà d'en être une, et se persuade que sa vie sera totalement différente et bien plus intéressante après ça.
Quelques mois avant la fameuse opération, l'adolescente fait la connaissance de Shay, une jeune ugly un peu fougueuse pour qui elle se prend d'amitié. Toutes deux font les quatre cent coups avant leur opération et Shay fait découvrir à Tally le monde en dehors de Uglyville. Celui dans lequel les anciens humains vivaient. Bien qu'elle ne comprenne pas les enjeux de Shay, Tally suit son amie dans ses aventures, mais n'aspire qu'à devenir une pretty.
Sauf que tout ne se passe pas comme prévu. Quelques jours avant sa transformation chirurgicale, Shay s'enfuit, après avoir laissé des instructions à Tally si elle décide de la rejoindre. Cette dernière n'a aucune envie de rester moche, et se rend pour la procédure consistant à la rendre belle. Mais c'est sans compter les plans des pretties qui se montrent curieux d'apprendre où son amie s'est enfuie. Malgré elle, Tally va devenir un pion, une espionne pour le compte des pretties, en nourrissant l'espoir d'être opérée lorsque sa mission sera remplie.
Je ne peux pas en dire plus, au risque de spoiler en détails l'histoire. Le livre est scindé en trois parties. Autant dire que je me suis ennuyée à la première. Suivre les deux adolescentes dans des péripéties sans grandes conséquences ne m'a pas passionné. En revanche, ce livre a su éveiller mon intérêt à la deuxième partie. Notamment avec ce petit mot contenant les instructions de Shay. Il faut dire que j'aime beaucoup les énigmes, et celle-ci était vraiment pas mal, car elle mettait en lien ce que les jeunes filles avaient partagé, tout en ajoutant une certaine nouveauté à l'histoire. La troisième partie m'a tout autant séduite, et j'ai été prise dans la trame.
Cette histoire d'endoctrinement est exploitée à fond. On se sent concernés car en temps qu'ancêtres de la nouvelle génération, nous sommes considérés comme un peu fous, avec des critères de beauté qui dépassent tout entendement (exemple : les mannequins squelettiques des magazines). C'est une véritable remise en question quant à notre approche de la beauté. Et bien que le monde qui nous est dépeint soit loin d'être utopique, il essaie de casser l'image que nous nous faisons de la beauté. Car un monde où personne ne s'envie et où la haine raciale n'existe pas est un monde en paix. Ça porte à réflexion, et même si ce n'est pas clamé haut et fort dans ce livre, on ressent l'idée que l'auteur cherche à faire passer.
Tally a subi un véritable lavage du cerveau. Ce qui fait qu'au début, elle paraît très superficielle et égoïste. On a beau comprendre qu'elle réagisse ainsi, on ne peut s'empêcher de lui en vouloir et de désirer la secouer comme un prunier. Mais peu à peu, elle change, s'ouvre au monde et apprécie les choses simples, vraies et sans artifices. C'est peu à peu qu'elle ouvre les yeux face à la terrifiante vérité de ce en quoi elle croyait dur comme fer. Cette évolution m'a touchée, et je me suis vraiment sentie proche d'elle. C'est une jeune fille comme les autres, au final. Elle a honte d'elle, de son corps, mais recherche uniquement l'attention des autres. Que ce soit en devenant une pretty, ou en racontant ses aventures palpitantes au camp des rebelles. Elle est en pleine recherche d'identité, ce qui ne peut que toucher le public concerné.
Les autres personnages sont bien exploités. On les découvre progressivement, et ils ne sont pas sans surprises. Chacun a une vision des choses bien à lui, ce qui nous oblige à remettre en question ce en quoi on croit.
David était mon petit chouchou (oui, encore un garçon, comme d'hab') et sa sensibilité associée à sa naïveté étaient un véritable plaisir. Shay m'a agacé dès le début avec ses airs de petits chefs et de grandes gueules, mais c'est le personnage idéal pour compléter le caractère un peu renfermé de Tally.