Dans un futur proche, l'humanité a trouvé le moyen de soigner toutes les maladies : les transférer aux criminels, dont la quasi-totalité vient des ghettos, maintenus au ban d'une société qui touche à la perfection.
C'est dans ce monde qu'est née Talia Hale. À seize ans, elle est la fille chérie d'un politique qui se voit déjà Premier ministre d'Angleterre. Atteinte d'un simple rhume, au plus grand dégoût de son entourage, elle doit subir son premier Transfert. Mais à l'hôpital, Talia sauve une fillette d'une agression, et cette petite fille des ghettos lui fait découvrir l'envers du décor et l'horreur d'un système où seuls les plus riches ont le droit à la santé. Pour changer une société |
où la frontière entre bien et mal est plus floue que jamais, Talia devra briser le cocon doré dans lequel elle a grandi et combattre tout ce en quoi elle a toujours cru... y compris son propre père.
Je me souviens très bien de ce titre. J'en avais entendu parler au Salon du livre de Montreuil et je le guettais depuis plusieurs mois. Le speech de départ avait attiré mon attention et je ne voulais pas passer à côté.
Le monde tel qu'on le connaît n'a pas beaucoup changé. À une différence près : les maladies peuvent désormais être éradiquées. Vous souffrez d'une petite grippe carabinée de rien du tout ? Un petit tour à l'hôpital et hop ! vous ressortez frais comme un gardon. Mais le virus lui, n'a pas terminé son œuvre puisqu'il est ensuite inoculé à un criminel. Plus son crime est grave et plus la maladie est létale.
Talia est la fille du potentiel futur gouverneur. Le jour où elle se rend à l'hôpital pour se faire extraire son rhume, elle sauve la vie d'une petite fille, Tig. L'enfant disparaît avant qu'elle ait le temps de lui parler. En partant à sa recherche, Talia va s'apercevoir que le système prétendument idéal dans lequel elle vit ne l'est pas tout à fait. Et si les causes de son père ne méritaient pas d'être défendues ?
La particularité du récit, c'est que l'on entre sans tarder dans le vif du sujet. Les éléments s'imbriquent très rapidement les uns dans les autres, ce qui donne un rythme effréné - voire très soutenu - à l'intrigue.
Je fais partie de ces lecteurs qui aiment prendre leur temps, et tout particulièrement dans un roman qui bouscule les codes de notre société. J'aurais beaucoup aimé que Kate Blair nous en dise davantage et creuse encore plus loin cette idée, au demeurant excellente. Certaines scènes sont expédiées comme des patates chaudes alors que l'on aimerait s'y attarder plus longtemps. Les personnages méritent d'être encore plus creusés et exploités. En fermant le roman, j'ai eu l'impression de n'avoir eu qu'une mise en bouche. Je suis restée avec une impression de trop peu, insatisfaite.
Heureusement, Transférés reste un ouvrage qui se lit vite et bien. La plume est assurée malgré cette impression de survol par moment. Le compte à rebours avant les élections accentue le sentiment d'urgence qui se dégage du récit. On sent que quelque chose de grand se prépare et qu'on s'en approche inexorablement.
Le fait que le rythme ne faiblisse pas joue forcément sur l'idée que l'on se fait des personnages. Talia, l'héroïne, est crédible par rapport à son âge. C'est une jeune fille assez isolée du fait de la situation de son père. Elle souffre encore d'avoir perdu sa mère et sa sœur et elle aime profondément son père. Il lui arrive de prendre des décisions stupides, elle agit souvent sur un coup de tête sans penser aux conséquences, mais l'espace de 250 pages, elle évolue de manière notable et apprend de ses erreurs.
Les autres personnages sont brossés de manière trop superficielle à mon goût, même si son père et sa prévenance restent pour moi l'un des points forts du roman.
Kate Blair nous raconte beaucoup de choses qui se sont passées et on ne les vit pas avec ses personnages. C'est un choix que je peux comprendre lorsque l'on souhaite écrire un one-shot court, mais du coup, on se sent extérieur aux événements et c'est difficile de se mettre dans leur peau, de s'impliquer personnellement dans leurs aventures.
Concernant l'idée de condamner les criminels en leur transférant les maladies d'innocents, je l'ai trouvée assez brillante. Elle soulève pas mal de questions d'ordre éthique et moral. Peut-on punir les gens en se sauvant soi-même ? Kate Blair nous donne là matière à réflexion, à savoir si ce système est juste et bien rodé, ou au contraire trop limite pour être envisagé.
En résumé, Transférés entre dans cette catégorie de romans qui ne visent pas à marquer les esprits à vie, mais plutôt à divertir et à vider la tête le temps d'un après-midi. Kate Blair nous pousse dans nos retranchements avec un speech de départ fort intéressant. Je suis néanmoins un peu déçue que le roman soit si court, car il ne permet pas d'appréhender cette histoire avec la profondeur et la passion qu'elle aurait pu susciter.
|
INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES
REMERCIEMENTS
Je remercie Camille ainsi que les Éditions Michel Lafon pour cette lecture.