Le Joyau, haut lieu et cœur de la cité solitaire, représente la richesse, la beauté, la royauté.
Mais pour une jeune fille pauvre comme Violet Lasting, le Joyau est avant tout synonyme de servitude. Et pas n'importe laquelle : Violet a été formée pour devenir Mère-Porteuse. Car dans le Joyau, le vrai luxe est la descendance... Achetée lors de la Vente aux Enchères par la Duchesse du Lac, Violet – le lot 197, son nom officiel – va rapidement découvrir la réalité brutale qui se cache derrière l'étincelante façade du Joyau. S'exercer à la cruauté, à la trahison et aux coups bas est la distraction favorite de la noblesse. Violet doit accepter son sort et tâcher |
de rester en vie. C'est pourtant dans ce sinistre quotidien qu'elle tombe amoureuse d'un séduisant garçon, loué pour servir de compagnon à la nièce aigrie de la Duchesse. Cette relation interdite vaudra aux jeunes amants d'affronter les plus grands des dangers...
Merci à ceux qui ont voté pour le rendez-vous mensuel du “À vous de piocher !”, car j’ai enfin pu découvrir le premier tome de cette saga plus que prometteuse. Depuis le temps que j’en entendais parler ! Avec Le Joyau, il n’y a pas le temps de s’ennuyer et cette histoire a remué en moi bien des sentiments contradictoires. Une dystopie sur fond de fantasy, une couverture qui laisse rêveur et une trame diablement efficace.
La vie de Violet Lasting a changé lorsqu’elle avait douze ans. Elle vit dans une société hiérarchique sous forme de cercles. Plus vous vous approchez du Joyau, le coeur du cercle, et plus la population y est riche et prestigieuse. Issue d’une famille du Marais (le rang soumis à la misère), elle a néanmoins des capacités qui font d’elle un met de choix pour les nobles du Joyau. Ces nobles, ces dirigeants de la royauté, sont dans l’incapacité de procréer, et font donc appel aux Mères Porteuses du Marais, celle qui, comme Violet, peuvent rendre le foetus viable. Lorsqu’elle est diagnostiquée Mère Porteuse, Violet perd jusqu’à son identité, elle est arrachée à sa famille et intègre Southgate en vue d’être achetée à l’âge de seize ans. Elle devient ainsi le lot 197, la propriété de celle qui se portera acquéreuse lors de la vente aux enchères.
Globalement, j’ai passé un bon moment avec cette lecture. L’univers en lui-même est vraiment bien construit, et même si on part avec de nombreuses questions, les énigmes trouvent peu à peu leurs réponses. Je me suis facilement prise au jeu et j’ai rapidement détesté cette société élitiste et cruelle, qui n’hésite pas à déshumaniser leurs victimes pour les traiter comme des meubles ou des animaux de compagnie.
Cet étalage donne envie de vomir, de s’insurger, de se rebeller. Les Mères Porteuses se trouvent dans une situation indémêlable, et les mots “prison dorée” prennent alors tout leur sens. C’est assez insoutenable d’assister aux déboires de Violet. En plus de la compassion qu’elle nous inspire, on ne peut s’empêcher d’être en colère contre cette forme d’esclavagisme.
Amy Ewing nous entraîne dans une société où les faux-semblants et les manigances sont au coeur de tout. Le Joyau est une jungle tapissée de soieries et de sourires déguisés. C’est un monde sans pitié, où les plus faibles n’ont pas leur place, où les héritiers constituent le nerf de la fortune. Et les pauvres jeunes filles comme Violet ne sont que des pions, des pièces maitresses, mais remplaçables, qu’on peut jeter à la poubelle sans même sourciller. Derrière cette opulence se cachent une véritable noirceur, un agencement cruel plein de faux-semblants.
Découvrir le Joyau à travers la douce Violet renforce encore plus cette impression de malfaisance. C’est une héroïne sensible et agréable au possible. Elle est tiraillée entre son désir de rester à tout prix en vie et sa soif de représailles. Son ressentiment s’explique très bien, et c’est horrifié que l’on assiste à son parcours semé d’embûches.
Pour avoir lu Red Queen quelques jours avant, j’avoue qu’il m’est arrivé à plusieurs reprises de confondre les deux intrigues. Non pas qu’elles soient en tout point semblables, mais il y a de petites similitudes, et je me suis parfois emmêlé les pinceaux.
J’ai été assez déçue par la venue d’Ash, avec l’impression que cette romance était “forcée”, pas naturelle, surfaite. Le livre étant assez court, l’air de rien, je trouve que l’histoire d’amour arrive comme un cheveu sur la soupe, sans être transcendante. À mon sens, le roman aurait été plus sympa sans ce foin fait autour du garçon. Au contact d’Ash, Violet est totalement métamorphosée. On peut mettre ça sur le compte de l’âge et de l’inexpérience, toujours est-il qu’elle devient mignarde, et c’est agaçant. Et Ash est tellement linéaire qu’il est difficile d’accrocher avec lui. Il est là sans être là, il n’existe que parce que Violet n’a d’yeux que pour lui. Autrement, il n’apporte rien de marquant.
En revanche, j’ai eu un très bon feeling avec la Duchesse du Lac et Raven qui sont les fortes têtes de ce roman. La Duchesse du Lac parce que sous ses airs de femme froide, calculatrice et impitoyable se cache une fragilité. Elle est complexe et peut montrer de nombreuses facettes en totale opposition les unes avec les autres. C’est un personnage nuancé, qu’on ne peut pas cataloguer. Raven, elle, est l’amie tête brûlée, celle qui se bat, qui se donne entièrement pour les causes qu’elle embrasse. Sa relation avec Violet est sincèrement touchante.
En résumé, même s’il n’y a pas énormément d’action à proprement parler, Amy Ewing navigue dans les rouages d’une monarchie corrompue, avec un sens du détail aiguisé. Le Joyau est un bon livre, avec une base intéressante et une histoire parfois bouleversante. Malgré une romance un peu trop facile et une héroïne parfois trop sirupeuse, j’ai passé un bon moment, et j’ai bien envie d’enchaîner avec le deuxième tome.
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INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES
Dans Le Joyau, vous avez suivi la vie de Violet sous le joug de la duchesse du Lac. Avec cette nouvelle exclusive d'Amy Ewing, vous allez entendre l'histoire de Raven Stirling, achetée comme Mère-Porteuse par la cruelle Comtesse de la Pierre.
Quand elle est acquise aux Enchères, Raven comprend d'emblée que les choses vont mal se passer. Et lorsqu'elle arrive au palais de la comtesse, elle découvre bientôt que celle-ci la considère davantage comme un cobaye pour ses expérimentations sadiques que comme Mère-Porteuse d'un éventuel enfant. Raven n'a plus alors qu'une idée en tête : s'échapper... et |
revoir Violet, sans jamais oublier qui elle est et que sa vie lui appartient. Replongez-vous dans l'univers fascinant et impitoyable du Joyau à travers le point de vue exclusif de Raven, la meilleure amie de Violet.
Je n’ai pas attendu bien longtemps avant de lire la nouvelle qui suit le premier tome de cette dystopie fantaisiste. Ayant beaucoup aimé cet univers, ses codes et ses enjeux, il me tardait de replonger dedans, même pour une histoire de moins de cent pages. Résultat : je ne vais pas le cacher, n’est-ce pas, c’est toujours trop, trop court. Une petite mise en bouche qui permet une transition en douceur entre le tome 1 et le tome 2.
Nous nous retrouvons plongés dans les pensées de Raven, la meilleure amie de Violet. Cette fois-ci, c’est l’occasion de découvrir les coulisses de sa propre vente aux enchères et ses débuts chez la Comtesse de La Pierre, cette grosse dame que Violet ne fait qu’entrevoir dans le premier opus. Dans La Maison de la Pierre, c’est un nouveau vécu, un nouveau cauchemar, une nouvelle descente aux enfers. En quelques pages, Amy Ewing nous relate les aventures de Raven, cette jeune femme flamboyante et insoumise.
Se retrouver du point de vue de Raven, c’est… galvanisant ! Ça donne du baume au coeur et du courage. Raven était déjà un personnage auquel j’étais sensible dans le tome 1, alors la retrouver ici, elle si indomptable et délicieusement insubordonnée, ça m’a vraiment fait plaisir.
Ce qu’elle vit est dur et malsain. J’en ai eu des frissons de dégoût à plusieurs reprises. Violet est plutôt bien lotie en comparaison. Bien sûr, il y a toujours ce mépris envers toutes les Mères Porteuses, mais Raven morfle beaucoup plus que d’autres. Aux yeux de sa maîtresse, elle n’est plus un individu, elle est ça, une chose, le lot 192. Elle connaîtra d’horribles sévices qu’on ne souhaite à personne.
La Comtesse de la Pierre… Autant la Duchesse du Lac avait été un personnage que je trouvais très charismatique, autant celle-ci, mazette ! Quelle peau de vache ! Quelle horrible bonne femme ! La monstruosité peut prendre beaucoup de visages, et là, on a atteint des sommets. Puis l’air de rien, le lecteur se délecte un peu de cette noirceur. Ça reste une ambiance un cran plus lugubre que celle du tome 1.
Je suis quand même déçue du fait que l’on assiste point par point à certaines scènes déjà vécues par Violet, mais cette fois-ci avec les yeux de Raven. Ça aurait pu être intéressant si ça apportait des précisions supplémentaires, mais malheureusement, il n’y a rien de plus. Raven pense approximativement comme Violet, donc l’intrigue n’en est pas plus enrichie. J’aurais aimé voir plus de scènes inédites, m’imprégner encore plus profondément de l’atmosphère pesante des quartiers de la Comtesse de la Pierre. C’est vraiment ma seule déception – sans oublier le fait que cette nouvelle est trop succincte, pas assez développée.
En résumé, j’ai retrouvé avec plaisir l’univers d’Amy Ewing. Vivre cette aventure aux côtés de Raven l’indomptable, ça avait quelque chose de rafraichissant. Ce qu’elle vit est parfois insoutenable, mais certains moments sont teintés d’un indicible espoir. Même si j’aurais aimé lire une nouvelle encore plus audacieuse, j’ai passé un moment plutôt agréable.
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