« Ils vont venir ici, Liz, ils vont venir, et les ténèbres se refermeront sur moi… sur toi… sur tout le monde.»
Liza vit avec sa sœur, à l’écart de la Société. Elle a promis de toujours la protéger, elle, la petite Anna qui n’a jamais su marcher. Mais en quelques heures, leur destin bascule. Anna est capturée par la Milice. Liza n’a pas le choix. Si elle veut revoir sa sœur, elle va devoir quitter le monde qu’elle connaît et entrer dans cette Société qui retient Anna prisonnière. Quitte à tomber dans le piège tendu par son président, un homme manipulateur et sans scrupules… |
La dystopie est un genre que j’affectionne beaucoup, et lorsque j’ai découvert qu’une jeune auteur francophone allait prochainement être publiée, j’ai eu très envie d’en savoir plus.
Manipulation raconte l’histoire de deux sœurs : Liza et Anna. Elles mènent une petite vie tranquille dans laquelle Liza s’occupe de tous les travaux pénibles et physiques pour bien faire tourner la maison, et Anna, 8 ans, passe son temps dans les livres, en affûtant son intelligence bien au-dessus de la moyenne. Elles vivent en dehors de la Société, loin de la poigne de fer et l’œil de lynx de Connor, le président. Hélas, un jour, Anna se fait capturer par la Milice et est retenue captive au cœur de la Société. Liza est prête à tout pour sauver sa sœur et déjouer les plans tordus du président.
Manipulation entre dans cette catégorie de dystopies young-adult qui sont légion actuellement dans nos librairies. Les premières pages tournées, je savais que j’allais passer un moment agréable, et si la trame en elle-même n’avait rien de très novateur, elle était néanmoins suffisamment prenante pour tenir en haleine de bout en bout.
La Société est – comme je m’y attendais – oppressive et tyrannique. Les faits et gestes de tous les citoyens sont observés, décortiqués et surveillés. Les libertés de chacun sont étouffées et c’est dans ce contexte peu reluisant que l’on suit les aventures de Liza et Anna.
Les deux sœurs sont aussi différentes que complémentaires. Liza est la travailleuse du duo, celle qui chapote toute leur vie et se charge de ramener de quoi manger jour après jour. Anna, plus cérébrale, est handicapée et trouve son bonheur en nourrissant son esprit de connaissances.
D’autres personnages viendront jalonner leur petite vie, et on les apprivoise assez rapidement. Juliette Lemaître crée des enjeux différents pour chacun, ce qui donne souvent lieu à des situations intéressantes. N’importe qui peut se retrouver en eux, même si on se fait un plaisir de détester le président, aussi voyeur qu’insupportable.
Au niveau de l’intrigue, on reste sur de la dystopie tout ce qu’il y a de plus classique. Les éléments s’enchâssent progressivement les uns avec les autres, si bien que les pages se tournent très vite. Je déplore néanmoins certaines facilités prises par l’auteur (notamment concernant Anna et son handicap qui – soudainement – n’en est plus vraiment un). Ça m’a empêché de totalement de croire en certains événements. Dans l’ensemble, le scénario est assez prévisible, même si le plaisir de découvrir les pérégrinations des héroïnes, lui, est intact.
En résumé, Manipulation est une saga qui commence plutôt bien, avec une bonne dynamique et un univers dystopique qui présente un beau potentiel, malgré quelques incohérences imputables au fait qu’il s’agit-là d’un premier roman. Grâce à une plume simple et fluide, Juliette Lemaître entraîne son lecteur dans une aventure où on ne s’ennuie pas un instant. |