En Grande-Bretagne, le système judiciaire a été radicalement réformé. C’est un jury populaire qui décide de la peine capitale.
Sept jours, sept étapes, sept cellules, plusieurs millions de téléspectateurs qui ont le pouvoir de vie et de mort sur les prisonniers. Martha, seize ans, est surprise par la police, un revolver à la main. Elle revendique le meurtre de l’homme gisant à ses pieds. Comme l’exige la loi, Martha est envoyée dans le couloir de la mort, cellule 1. Chaque jour, elle se rapproche de la cellule 7, l’ultime étape avant son jugement. Chaque jour, elle réitère sa culpabilité, y compris à son avocate, pourtant persuadée du contraire. |
Dès que j’ai lu le résumé, j’ai su que ce livre était fait pour moi. Un mélange entre le couloir de la mort et la télé-réalité, ça ne pouvait que fonctionner ! J’aime tout ce qui touche aux sociétés remodelées, et par extension à toute forme de dystopie en général. Cell.7 fait partie de ces ouvrages qui ont mis mes nerfs à rude épreuve !
Kerry Drewery nous plonge dans une société où le crime est sévèrement puni. Un meurtre, qu’il soit accidentel ou par préméditation, entraîne automatiquement un aller simple pour le couloir de la mort. Et pour éviter les encombrements, les prisonniers n’y restent que 7 jours. Il y a dix ans, le système judiciaire a été démantelé pour laisser place à Chacun Sa Voix, un principe qui consiste à laisser le choix final aux téléspectateurs du pays entier. Ceux-ci décident s’il faut condamner à mort ou relâcher le prisonnier à l’issue des 7 jours d’emprisonnement.
Nous suivons Martha, une adolescente accusée du meurtre d’une icône nationale : Jackson Paige. Martha assure sans sourciller qu’elle est coupable. Elle est prête à mourir pour ce crime. Seulement tout le monde n’en est pas persuadé, et le public dispose d’une semaine pour voter et décider de son sort. Que cache Martha, au juste ?
La particularité des dystopies, c'est que je finis toujours en colère et hors de moi. Cette histoire ne fait pas exception à la règle, bien au contraire. La vie dans Cell.7, peut aisément s'appliquer à notre société actuelle ; la seule difference, c'est que tout est décuplé.
Comme dans une émission de télé-réalité, les gens doivent voter par SMS pour décider si le tueur doit être exécuté ou non. Les preuves et les mobiles ne pèsent pas bien lourd dans la balance. Ce qui compte, ce sont les fausses informations véhiculées par les émissions de télé et les soit disant « journalistes » et autres « professionnels » qui viennent donner leur avis d’expert.
Cette manipulation des masses est proprement honteuse. Elle dénonce très bien notre propre fonctionnement, celui des pots de vin, des machinations et de la corruption. Des actes qui pourrissent notre société, creusent un peu plus les différences et nourris les plus riches. Et c'est ce que j'aime en dystopie. L'auteur nous dévoile un monde qui ne prend presque plus la peine de cacher sa laideur.
On dit aux gens qu'ils ont voix au chapitre, qu'ils peuvent voter pour un accusé, mais chaque vote est payant. Qui a donc le monopole et les pleins pouvoirs ? Les riches, évidemment ! On prétend que la justice est plus rapide et efficace qu'à l'époque des tribunaux ? Mais on n'examine plus les preuves, on ne recherche plus la vérité, on se contente de voter machinalement en se basant sur les dires de journalistes véreux et pourris jusqu'à la moelle.
Imaginez donc mon état quand j’ai découvert les travers de cette société. Imaginez mon agacement, mon dégoût. On finit presque par en oublier que tout cela est fictif, car tout repose sur des éléments tangibles. Cela rend Cell.7 assez effrayant, dans le fond. Le manque d'humanité est partout, la disparité des classes sociales est plus forte et plus exacerbée que jamais... J'ai lu ce livre avec une énorme boule au fond de la gorge.
Kerry Drewery nous confronte à un système qui fait perdre foi en l'humanité, tout simplement. Heureusement, c'est au travers de personnages fabuleux qu’elle nous redonne un peu d'espoir. Martha est une héroïne extraordinaire, dont les convictions dépassent l'entendement. C'est le genre de personne prête à mourir pour défendre ses valeurs.
Les chapitres centrés sur les émissions de télé sont les plus insoutenables et permettent de voir l'étendue de la machination. C'est terrible de savoir les choses et de ne rien pouvoir faire pour enrayer la mécanique. J'ai eu envie d'entrer dans le livre pour distribuer des claques plus d'une fois.
L'intervention de l'ex juge Cicero est celle qui m'a le plus touchée, car elle démontre l'injustice dans toute sa splendeur. Cette illusion que les médias donnent la parole aux citoyens alors qu'en fait, ils ne font que travestir la vérité. On se dit que les vrais monstres ne sont pas forcément du bon côté des barreaux...
En résumé, ce n'est pas la dystopie la plus subtile que je connaisse, mais c'est une excellente dystopie. Psychologiquement très éprouvante, opressante, elle met notre patience à l'épreuve et nous immerge dans une société terrible, cruelle et sans pitié. Cell.7 est un roman très juste, mené avec brio par une auteur talentueuse. Le suspens était tel que je n’ai pas réussi à en sortir avant d’avoir lu la toute fin. Je me languis d’avoir la suite !
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REMERCIEMENTS
Je remercie infiniment les éditions Hachette pour m’avoir permis de découvrir ce petit bijou en avant-première !
Vous avez été 21 millions à assister en direct aux aveux d'Isaac Paige : c'est lui qui a tiré sur son père, lui qui avait d'abord laissé sa petite amie s'accuser à sa place. Isaac Paige est un meurtrier que vous, chers téléspectateurs, devez punir. Grâce au système Chacun sa voix, vous allez décider de son sort, et de la sécurité de notre ville. Chaque jour, il avancera d'une cellule dans le couloir de la mort, jusqu'à la cellule 7. Là, c'est votre vote qui décidera.
La vie ? La mort ? À vous de juger ! |
Le premier tome de Cell.7 m’avait laissée coite d’étonnement et passablement écœurée. C’est le genre de roman qui est légion dans le paysage young-adult actuel, mais je ne m’en lasse jamais, parce qu’il n’en faut pas davantage pour réveiller mon côté rebelle mécontent. J’avais surtout aimé ce compte à rebours menaçant qui rendait mes mains moites d’appréhension, et le destin funeste qui se resserrait autour du cou de Martha, l’héroïne. J’étais vraiment curieuse de connaître la suite, après une fin qui nous avait obligés à prendre un virage à 360°C.
Dans La mort vous attend, nous retrouvons nos personnages là où nous les avons laissés. Coup de tonnerre sous les yeux des caméras, Martha Honeydew a réchappé à la peine capitale, grâce à un retournement de situation inattendu. C’est Isaac Paige, son petit ami, qui prend sa place dans la Cell.1, après avoir annoncé qu’il avait tué son père. Martha et ses alliés n’ont que 7 jours. 7 jours pour prouver qu’Isaac a agi parce qu’il n’avait pas d’autre choix. 7 jours pour convaincre un public qui a soif de sang. 7 jours avant que le jeune homme ne subisse la peine de mort.
Je suis très vite retombée dans cette spirale infernale qu’est Cell.7. Cette échéance immuable, les jours qui s’égrènent, le collet qui se resserre. Rien de mieux pour tenir un lecteur en haleine, attendant un verdict couru d’avance. C’est avant tout pour ça que j’aime bien cet univers.
C'est gros – c'est même très gros –, mais ça marche. On se sent révolté la majeure partie du temps. J’ai eu des élans de fureur à l’encontre des personnages ; il m’arrivait de lever les yeux de mon livre et d’émerger, complètement à l’ouest, avec la certitude que cette société pourrie jusqu’à l’os existait bel et bien.
Le plus effrayant là-dedans, c'est que ce n'est pas un scénario si gratiné que ça. À l'ère de la télé-réalité, l'intrigue de Cell.7 est tout à fait crédible et il n'est pas impossible d'en arriver là si on pousse les choses à l'extrême. Nous vivons dans une société qui n’hésite plus à faire grimper les audiences en étalant l’intimité des gens et en la jetant en pâture aux curieux. Les limites se brouillent déjà en 2018… ne pourrait-on pas imaginer pire encore pour les années à venir ?
Et dans cette société qui se veut efficace, révolutionnaire et moderne, on s’aperçoit que subrepticement, les schémas de l’Histoire se répètent. On tend à retomber dans les vieux travers qui ont marqué nos époques : ceux du contrôle, de la propagande, des mensonges. Chantage et menaces sont le lot de ceux qui refusent d'entrer dans le moule.
Les autorités ne reculent devant rien pour contrôler l'opinion publique, allant jusqu'à se lancer dans des entreprises de déconsidération à l'égard de Martha. Plus les jours passent, plus Isaac se rapproche de la Cell.7, et plus Martha et tous ceux qui sont en possession de la vérité sont ignorés, raillés, calomniés. Il n'y a rien de plus frustrant que d'assister à cette débandade. Comme le dit si bien Martha, cette société qui se veut plus brillante que toutes les autres ne repose que sur trois mots :
Apathie. Ignorance. Lâcheté.
La manipulation de masse est parfaitement décrite. Même si l’intrigue est parfois cousue au gros fil, on se laisse facilement prendre au jeu et on découvre les dessous cachés du gouvernement avec horreur et colère. On s’aperçoit par exemple qu’en contrôlant l'opinion publique, le Premier Ministre s'assure les pouvoirs pleins et entiers, tout en s’appliquant avec beaucoup de soins à décrédibiliser Martha et ses alliés. Il est tellement facile de le haïr, cet homme-là.
Plus difficile encore, c’est d’assister à la crédulité des citoyens. On se rend compte que les monstres ne sont pas nécessairement les meurtriers présumés, mais le public, les spectateurs qui tolèrent, adhérent et encouragent ces pratiques. Le gouvernement appuie sur leurs peurs en misant sur leur petit confort douillet qu'ils ne veulent quitter pour rien au monde. C’en est presque caricatural.
Et de la caricature, c’est un des aspects de l’histoire qui ne m’a pas tellement plu. Je l’ai surtout ressenti lors des passages en champ avec l'animatrice Kristina. Ils m'ont semblé peu crédibles, presque parodiques. En revanche, les scènes avec le présentateur Joshua étaient particulièrement prenantes. Je ne décrochais pas un instant tant j’étais suspendue à chacun de ses mots. Elles restent à mes yeux les scènes les plus addictives et fluides du roman.
J’ai également eu quelques difficultés avec le manque d’émotion tout au long du roman. Cela tient essentiellement au fait qu’il y est énormément de dialogues, au détriment de la narration, parfois. Couplé à la plume sans fioritures, ça donne à l’histoire un aspect particulièrement épuré et simple, alors que j’aurais aimé quelque chose de plus creusé, avec plus de nuances. J’ai apprécié la construction de la dystopie, mais je ne me suis pas véritablement attachée aux personnages, je n'ai pas ressenti de grande empathie à leur égard, malgré les embûches qui sèment leurs parcours. J’ai aussi eu un problème avec Martha, censée être en cavale, mais dont la situation n'a de cavale que le nom. Elle va et vient avec une simple capuche et loge dans des bed & breakfeast…
Plus difficile encore, c’est d’assister à la crédulité des citoyens. On se rend compte que les monstres ne sont pas nécessairement les meurtriers présumés, mais le public, les spectateurs qui tolèrent, adhérent et encouragent ces pratiques. Le gouvernement appuie sur leurs peurs en misant sur leur petit confort douillet qu'ils ne veulent quitter pour rien au monde. C’en est presque caricatural.
Et de la caricature, c’est un des aspects de l’histoire qui ne m’a pas tellement plu. Je l’ai surtout ressenti lors des passages en champ avec l'animatrice Kristina. Ils m'ont semblé peu crédibles, presque parodiques. En revanche, les scènes avec le présentateur Joshua étaient particulièrement prenantes. Je ne décrochais pas un instant tant j’étais suspendue à chacun de ses mots. Elles restent à mes yeux les scènes les plus addictives et fluides du roman.
J’ai également eu quelques difficultés avec le manque d’émotion tout au long du roman. Cela tient essentiellement au fait qu’il y est énormément de dialogues, au détriment de la narration, parfois. Couplé à la plume sans fioritures, ça donne à l’histoire un aspect particulièrement épuré et simple, alors que j’aurais aimé quelque chose de plus creusé, avec plus de nuances. J’ai apprécié la construction de la dystopie, mais je ne me suis pas véritablement attachée aux personnages, je n'ai pas ressenti de grande empathie à leur égard, malgré les embûches qui sèment leurs parcours. J’ai aussi eu un problème avec Martha, censée être en cavale, mais dont la situation n'a de cavale que le nom. Elle va et vient avec une simple capuche et loge dans des bed & breakfeast…
En résumé, La mort vous attend est une suite rythmée, efficace – quoiqu’un peu en dessous du premier tome –, mais qui tient ses engagements et nous entraîne dans une dystopie effrayante à souhait. Même si je déplore un manque d’émotion et de crédibilité par moment, j’ai apprécié cette suite dans laquelle les événements échappent à tout contrôle.
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REMERCIEMENTS
Merci à Shana et à Hachette pour cette suite diabolique !