Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s'affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C'est un monde où Callum et Sephy n'ont pas le droit de s'aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d'un rebelle clandestin.
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Je me suis offert cet ouvrage il y a déjà plusieurs mois. J’en avais entendu beaucoup de bien, et je m’étais empressée de le commencer dès réception. À l’époque malheureusement, je cherchais quelque chose de plus léger, donc je l’ai un peu laissé prendre la poussière. C’est donc ce mois-ci que j’ai décidé de me lancer pour de bon, et je dois dire que la balade était particulièrement… prenante !
Simple, la couverture a tout de même le mérite d’attirer immédiatement le regard. Lorsque je sortais le livre dans le métro, j’ai remarqué que les gens avaient tendance à le regarder, à pencher la tête sur le côté pour tenter de lire la quatrième de couverture. C’était assez marrant, d’ailleurs ! Concernant le résumé, il est beau, acéré et en même temps il pique la curiosité.
Nous découvrons l’histoire de Sephy Hadley, une jeune fille noire (appellée aussi Prima), et Callum McGrégor un blanc (un Nihil). Dans cette société, les rôles sont inversés : les noirs ont tous les pouvoirs, les blancs ne valent pas plus que des chiens et n’ont pour ainsi dire aucune chance de monter dans les échelons hiérarchiques.
Sephy est issue d’une famille importante, elle est fille de ministre. Callum, lui, appartient à un milieu beaucoup plus modeste, et a grandi auprès d’une famille aimante. Depuis qu’ils sont enfants, Sephy et Callum se connaissent. Et malgré leur différence, malgré le fait que ce soit mal vu, ils sont amis.
Mais plus ils grandissent, et plus leur lien est mis à mal. Qu’un Nihil et une Prima se côtoient, c’est inapproprié, voire interdit. Et nos deux protagonistes doivent évoluer là-dedans, tout en se cachant. Les épreuves qu’ils devront traverser sont presque inhumaines et injustes. Elles ne se cantonnent pas à ce racisme omniprésent, mais nous montrent aussi qu’avoir de l’argent n’est pas synonyme de bonheur. Sephy va devoir essuyer bien des soucis familiaux, où ses parents se déchirent et se font plus de mal que de bien. Tandis que Callum va voir sa fratrie lentement se déliter, sans pouvoir rien y faire.
Nous retrouvons ici un schéma pas bien différent de celui qu’on a pu apprendre dans nos livres d’histoire et à travers les films traitant de l’esclavage et de la ségrégation. On assiste alors à un véritable bras de fer entre deux races, pourtant pas si différentes l’une de l’autre. Plonger dans cet univers plein de haine et d’obstacles a de quoi secouer et choquer. Si au début de l’histoire on pense assister à l’éclosion d’un amour que rien ni personne ne saura détruire, on déchante rapidement. Les événements font que nos deux héros prennent peu à peu conscience du fossé qui les sépare, et c’est bien malgré eux qu’ils devront prendre leurs distances afin de se protéger mutuellement.
Les choses commencent à se compliquer lorsque Callum ainsi que d’autres enfants Nihils, ont l’opportunité d’aller étudier dans la même école que Sephy. Et alors qu’ils s’en réjouissent, les choses s’accélèrent, s’entremêlent et se compliquent. Callum n’est pas le seul à en souffrir, Sephy aussi doit subir la pression que les autres Primas lui mettent, car leur amitié n’est pas tolérée.
Moi qui pensais que l’histoire allait gentiment se dégrader, je suis tombée de haut. Avec un mélange de dégoût et d’incrédulité, j’ai assisté aux catastrophes qui se succédaient comme si j’y étais. Les espoirs que je nourrissais se sont lentement effrités face à la gravité des événements. L’auteur ne laisse aucun répit à ses personnages, les assaillant d’épreuves en tout genre. J’en venais à vraiment haïr cette société, à oublier qu’en réalité ce n’était qu’une fiction.
Mallory Blackman, grâce à des moyens détournés, nous prouve que poussé dans ses derniers retranchements, l’homme est capable de devenir un animal sans bonté ni remords. Il est capable de faire souffrir son prochain de la pire manière qui soit et d’en tirer un macabre plaisir. Je me suis sentie très impliquée dans ce conflit, car c’est un fait de société qui touche encore notre monde aujourd’hui.
Les personnages sont extrêmement crédibles. Les pensées de Sephy et Callum m’ont chamboulée. Même si je n’approuvais pas toujours les choix et les prises de position de Jude (le frère de Callum) ou de son père, ça m’a donné matière à réflexion. Ce sont des personnages qui étouffent de colère, capables de tuer tellement l’oppression les use. Et on en vient à se demander si la violence est réellement la solution à tous les maux. Malgré moi, je me suis attachée à eux, même si à certains moments certains méritaient bien quelques claques.
Je suis ressortie de ma lecture toute tourneboulée. J’ai gardé espoir quant à une fin heureuse jusqu’au bout, et finalement en lisant la dernière page, ça a été le choc. Je ne m’attendais pas du tout à pareille conclusion. J’étais en colère, dégoûtée et vraiment surprise. C’est certain, je lirai la suite, il me faut le mot de fin !
Une plume qui a vraiment le mérite de transporter son lecteur. Le style est très simple, fluide, mais en même temps l’auteur ne s’embarrasse pas en détails superflus : c’est direct. J’ai vraiment eu l’impression que ce livre avait une utilité, car les opinions qu’il fait passer sont criantes de sens et de profondeur. L’histoire donne vraiment à réfléchir !
En résumé, je dirais que ce livre est une véritable révélation et je regrette de ne pas m’être jetée dessus avant. Entre chiens et loups est une histoire d’amour, mais pas que. C’est un appel à la tolérance, au respect, à l’égalité. Un livre qui s’accorde parfaitement à nos problèmes de société actuels. Que l’on soit blanc ou noir, on a le droit au bonheur. L’amour et l’amitié, ça va bien au-delà de la couleur de peau. |
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