La première règle, pour éviter la guerre ? En faire une affaire personnelle… Très personnelle.
Duchesse de Halifax, princesse de la Confédération panpolaire, mais surtout… otage. Je m’appelle Greta Stuart, et ma vie ne tient qu’à un fil. Il y a quatre cents ans, une série de terribles conflits liés au changement climatique a ravagé la planète : guerres, famines, inondations, exodes… Débordées, les autorités ont fait appel à une intelligence artificielle omnisciente pour tenter de mettre un terme au massacre. Mais Talis – c’est son nom – a vite pris son indépendance et le contrôle du monde. Désormais, il garde en |
Mon exemplaire a vécu bien des aventures avant d’atterrir dans mes innocentes petites mimines (le colis qui se perd et/ou le voisin cleptomane… je commence à devenir un poil paranoïaque). Durant ce laps de temps, j’ai eu l’occasion de lire les premiers avis sur la toile, et ils étaient plutôt disparates. Entre ceux qui avaient adoré et ceux qui en ressortaient mitigés, j’étais un peu inquiète. Verdict après lecture ? Je me situe entre les deux, j’ai beaucoup aimé le concept, mais certains points m’ont chiffonnée.
Le monde dans lequel l’histoire prend place est dirigé d’une poigne de fer par une Intelligence Artificielle du nom de Talis. Sur une Terre mourante qui a connu les pires sévices, Talis a eu recours à des méthodes peu orthodoxes pour maintenir l’espèce humaine en vie, quitte à faire… certains sacrifices. Pour que la paix perdure entre les différents pays, l’AI a eu l’idée de prendre en otage les enfants des dirigeants. Si l’un d’entre eux déclare la guerre à son rival, les enfants des deux clans seront froidement assassinés. Les conflits ont donc grandement diminué et les grandes instances réfléchissent à deux fois avant de se déclarer ouvertement la guerre.
Greta fait partie des otages en question. Elle vit au Préceptorat, un monastère où la vie est simple, et attend impatiemment ses 18 ans qui signeront la fin de sa claustration. Dans 17 mois, il n’y aura plus d’épée de Damoclès au-dessus de sa tête. C’est sans compter l’arrivée d’Eliàn au Préceptorat. Dédaigneux des règles qui régissent cette prison, celui-ci n’en fait qu’à sa tête et met en danger le fragile confort des Enfants de la Paix. De plus, Greta a la quasi-certitude que son pays est sur le point d’entrer en conflit avec celui d’Eliàn.
La particularité de The Scorpion Rules, c’est que ce monde dystopique est extrêmement bien ficelé et ne ressemble pas vraiment à ce que j’ai l’habitude de lire. Pour le coup, Erin Bow est parvenue à se distinguer des autres sagas à succès, et ce, au mépris des schémas habituels. Ça m’a autant plu que déconcerté. Pourquoi ? Le récit m’a laissé un arrière-goût indéfinissable. J’ai fermé le roman il y a quelques jours, et je m’aperçois que je suis incapable de dire que je l’ai adoré. Je ne peux pas prétendre non plus que je l’ai détesté. The Scorpion Rules, c’est l’extraterrestre de la dystopie !
Cette idée de prendre les enfants des différents gouvernements était particulièrement ingénieuse, et surtout diaboliquement efficace. Ça m’a rappelé qu’à l’époque des rois et des reines, la plus grande puissance d’un gouvernement résidait en la succession. Un roi dort assurément sur ses deux oreilles s’il sait que son descendant reprendra le flambeau une fois qu’il ne sera plus là. La lignée est synonyme de puissance. Enlevez à un roi son héritier… que lui reste-t-il ? Comment peut-il s’assurer que son royaume perdurera ? C’est ce que Talis a compris et intelligemment exploité.
Dans les premières pages, je me suis émerveillée en découvrant cet univers déroutant. L’intrigue se déroule exclusivement au Préceptorat, ce qui donne une impression étouffante. Je ne m’attendais pas du tout à ça, mais ce huis clos ajoute énormément de tension à l’intrigue. Je crois que je ne me suis pas décrispée avant la dernière scène. Cette singularité peut plaire ou ne pas plaire, et c’est un pari risqué de la part de l’auteur. Avec moi, ça l’a plutôt bien fait, car je trouvais l’histoire bien plus imprévisible.
Là où j’ai eu un peu de mal, c’est au niveau du rythme et des personnages. Le rythme, d’abord, est assez lent. J’ai attendu le moment où ça décollerait, jusqu’à m’apercevoir que l’auteur ne tablait pas sur l’action pure et dure, mais sur une nervosité fluctuante. L’introduction au monde s’étend sur la longueur, et cela est dû, je pense, à un style d’écriture plus soutenu que d’ordinaire. On apprend de quelle manière Greta et les autres vivent. On y parle de jardinage et de chèvres. Oui, oui, de chèvres ! Quand je vous disais qu’Erin Bow ne faisait rien comme tout le monde… Le récit est en total accord avec l’ambiance qui règne au Préceptorat : c’est long, lourd, étouffant, on s’y sent à l’étroit, à l’instar de Greta, notre héroïne.
Parlons des personnages, maintenant. Là, pour moi, ça coince. Je n’ai pas du tout réussi à m’attacher à eux. Ils m’ont intriguée, m’ont poussé à me poser des questions, mais j’ai très vite senti une distance s’installer, m’empêchant de vraiment les comprendre en profondeur. Greta tient le rôle de la jeune fille bien sous tout rapport. Elle a appris à accepter son sort le temps que ça durera et mène un peu la danse auprès de ses camarades. Aux premiers abords, elle peut sembler assez rigide – comme ne manquera pas de le faire remarquer Eliàn –, mais elle cherche juste à éviter les ennuis.
Eliàn est aux antipodes de Greta. Si au début je l’ai perçu comme l’oasis dans le désert, il m’est cependant apparu qu’il représentait un réel danger pour la cohésion du groupe. Il est frais, authentique et n’hésite pas à ouvrir la bouche alors qu’il vaudrait mieux courber l’échine. Mais parfois je me suis dit qu’il devait être un peu maso sur les bords, car il pouvait se montrer têtu comme une mule... Sa fraîcheur n’aura malheureusement pas suffi.
Je m’attendais à ce que l’auteur développe un peu plus la personnalité des autres Enfants de la Paix qui gravitent autour de Greta et d’Eliàn, ça n’a malheureusement pas été le cas. Ils se tiennent très en retrait, à la manière de figurants, et lorsqu’ils entrent en scène, je n’ai pas ressenti de lien qui se créait. Dommage.
Cela dit, Erin Bow met sur pied une romance inhabituelle et inédite, soulevant des points que l’on ne voit malheureusement pas beaucoup dans la young-adult. Culotté et rafraîchissant ! Les sentiments ne tiennent peut-être pas une place de choix dans l’intrigue, mais c’était tout de même intéressant de la construire de cette façon.
La fin, maintenant. Là, j’étais estomaquée. Je ne m’attendais pas à ce que les événements prennent une telle tournure, ce qui a sensiblement décuplé mon envie de connaître la suite.
En résumé, The Scorpion Rules est une histoire qui m’a laissée avec une impression indéfinissable. L’intrigue est approfondie et prend place dans une ambiance parfois irrespirable, faite d’attente et de tensions ; les frontières entre le bien et le mal n’ont jamais été aussi floues. Erin Bow nous offre un univers pertinent, tout en nuances, à l’atmosphère particulière. Seuls bémols : les personnages difficiles à appréhender, et un rythme qui manque parfois de dynamisme.
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Greta Stuart n’est plus otage. Elle n’est plus princesse héritière de la Confédération panpolaire. Elle n’est même plus humaine. Afin de sauver sa vie et celle de ses amis, elle a accepté de devenir une intelligence artificielle, la première depuis près d’un siècle. Mais ce choix a un prix… Le corps de la jeune fille ne supportera pas longtemps cette transformation. Bientôt, elle devra l’abandonner pour prendre possession de celui d’un Cygne, ces êtres moitié soldats, moitié messagers qui vénèrent Talis, l’intelligence artificielle qui règne sur la planète. Mais tandis qu’elle chevauche à travers des étendues glaciales et désertiques, aux côtés
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Alala… The Scorpion Rules, l’extraterrestre de la dystopie, l’un des romans les plus bizarres qui m’avait été donné de lire. Le premier tome m’avait laissée indécise, déroutée. C’était sans compter le deuxième et dernier opus qui lui, m’a complètement déboussolée.
Nous retrouvons Greta qui a pris une décision très difficile. Pour sauver ses amis, la princesse panpolaire à accepter de se sacrifier : elle est devenue une Intelligence Artificielle, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps. L’ennui, c’est que son corps ne le supporte pas, et elle sera bientôt contrainte d’y renoncer. Aux côtés de Talis et de deux Cygnes, elle va s’élancer dans une quête pour y remédier, mais tout ne se passera pas comme prévu. La révolte gronde et l’ordre n’a jamais été aussi précaire.
En commençant ce dernier tome, je savais que j’allais tomber sur quelque chose de très complexe. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est que ce soit si différent du premier tome ! Ces deux opus sont aussi dissemblables que complémentaires. L’histoire prend un tournant radical et les objectifs sont complètement revus. Erin Bow nous entraîne sur une pente très marquée, sans filet de sécurité, et il faut s’accrocher tout le long.
En premier lieu, c’est le rythme du roman qui m’a décontenancée. Certains passages m’ont paru très lents et s’accompagnaient de leurs lots d’informations parfois indigestes. Il y a beaucoup de choses à intégrer pour peu d’action pure.
Je suppose que le but final d’Erin Bow était de nous pousser à nous interroger, au moyen d’une histoire fictive à laquelle les générations futures pourraient être confrontées. De fait, ça donne un récit assez étrange qui, s’il ne se veut pas dynamique, s’ouvre à la réflexion. J’avais l’impression d’être au milieu du chaos, mais de voir tout ce qui m’entourait au ralenti. Erin Bow aborde des sujets universels qui ne sont pas uniquement là pour servir son intrigue. À travers un univers tout droit sorti de son imagination bourdonnante, elle est parvenue à transposer intelligemment les problèmes de notre société à son récit.
On change radicalement de décor, dans ce dernier opus. Le premier tome nous avait fait voyager au cœur du Préceptorat, dans cette ambiance étouffante qui collait à la peau, au milieu des enfants des hauts dirigeants. Dans Prisoners of Peace, on ne retrouve plus rien de tout ça. C’est désormais une nouvelle aventure qui s’ouvre devant Greta. Le huis clos disparaît, au profit d’une épopée à grande échelle.
L’auteur a mis sur pieds un univers très personnel. Elle lève le voile sur les énigmatiques Intelligences Artificielles, elle nous dévoile de précieuses informations sur les Cygnes et nous parle sans détour du déchirement de la guerre. Il n’est pas toujours évident d’appréhender toutes ces informations. Certaines sont plus complexes que d’autres, et je dois admettre que ce qui se passe du côté de Talis et Greta m’a plus d’une fois échappé. J’ignore encore s’il s’agit de moi ou de l’écriture un peu floue d’Erin Bow, mais je n’ai pas tout compris.
La fin peut sembler un peu brusque, et certains pourraient ne pas se satisfaire d’une conclusion aussi ouverte. Personnellement, je l’ai trouvée parfaitement acceptable. Synonyme de renouveau, elle est chargée d’espoir et de promesses. Je n’en attendais pas moins.
En résumé, je suis partagée. Dans un sens, j’ai aimé l’univers d’Erin Bow, riche et complexe ; de l’autre, le roman m’a paru un peu longuet à certains moments, et j’attendais autre chose de ma lecture. Je pense qu’avec une histoire comme celle-ci, l’auteur aurait pu taper plus haut et aller encore plus loin. Ça reste néanmoins une dystopie post-apocalyptique qui se démarque très bien des autres.
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