Lassé d'un monde dans lequel il ne trouve plus sa place, privé de ceux qu'il aime et qui disparaissent un à un, Andrew Blake décide de quitter la direction de sa petite entreprise pour se faire engager comme majordome en France, le pays où il avait rencontré sa femme.
En débarquant au domaine de Beauvillier, où personne ne sait qui il est réellement, il espère marcher sur les traces de son passé. Pourtant, rencontres et situations hors de contrôle vont en décider autrement... Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps, Odile, la cuisinière et ses problèmes explosifs, Manon, jeune femme de ménage perdue et Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, Andrew ne va plus avoir le choix. Lui qui cherchait un moyen d'en finir va être obligé de tout recommencer... |
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Je crevais d'envie de lire un nouveau roman de Gilles Legardinier. C'est sur un coup de tête que j'ai décidé de m'acheter ces deux autres romans de chick-lit, après le méga coup de coeur de Demain j'arrête ! Il me tardait de commencer cette nouvelle histoire et connaissant le style et l'humour de l'auteur, je ne doutais pas que j'allais adorer. Et pour finir, ça n'a pas loupé !
La couverture est hilarante ! Cette manie d'utiliser les chats à toutes les sauces pour illustrer les couvertures me plait toujours autant ! Encore plus maintenant que je sais qui est ce gros matou et quelle place il tient dans le récit.
Andrew Black est un homme d'affaire. Un patron d'une petite entreprise anglaise construisant des boites métalliques. Il a une soixantaine d'années et ne parvient pas à surmonter la perte tragique de sa femme, sept ans auparavant.
Las de la vie, volontairement distant avec sa fille, il n'a plus goût à rien et sombre lentement dans une dépression dont personne - même ses amis - n'arrivent à le sortir. Dès le début, nous sommes plongés dans une ambiance un peu sombre, on constate qu'Andrew n'a plus goût à rien, se rendre au travail est une torture, il ressasse beaucoup et se remémore le passé non sans bien des regrets.
Dans un dernier réflexe de survie, il décide de tout plaquer, confier les rênes de sa boutique à son assistante et part s'exiler en France. Pour quoi faire ? Eh bien se faire passer pour un majordome dans une bâtisse luxueuse.
Il arrive donc au domaine Beauvillier et fait la connaissance de tous ses occupants. Il y a d'abord Mme Beauvillier, femme très secrète et cloîtrée dans ses appartements, Philippe, l'homme d'extérieur un peu frappé du ciboulot, Odile, la cuisinière de la maison et véritable dragon à ses heures perdues, Manon, la jeune femme à la vie un peu délitée et enfin Mephisto, ce bon gros chat que l'on aperçoit sur la couverture.
Chacun a ses problèmes, ses démons et sa carapace. Si Andrew a du mal à s'acclimater à ce nouvel environnement et regrette plus d'une fois sa décision irréfléchie, il ne peut cependant pas s'empêcher de fourrer son nez un peu partout. Se prenant d'affection pour chaque occupant de la demeure Beauvillier, il décide de devenir leur ange gardien, même si cela signifie aller à l'encontre de la loi, parfois !
Si les habitants du manoir ne sont pas faciles à vivre, l'humour so British et sa sagesse de vieil homme ne tardent pas à faire des ravages. Il séduit rapidement son public et nous tire plus d'un rire, nous, lecteurs.
Je dois avouer que je craignais de ne pas accrocher au roman lorsque j'ai vu que le personnage principal était un homme d'âge plutôt mûr. Mais je ne me suis pas laissée déstabiliser et j'ai rapidement été happée par cette histoire rocambolesque.
Ce livre m'a séduite pour bien des raisons. D'abord, il y a l'humour. Un humour très British avec les vieux clichés que les français se font sur les anglais et vice-versa. C'était hilarant de voir les personnages débattre sur de tels sujets. Ensuite il y a cette confrontation entre les générations qui est très intéressante à découvrir. Car c'est un message que Mr Legardinier cherche à nous faire passer : les conseils de nos aînés ne sont pas à jeter à la poubelle.
Les relations humaines et l'amour de son prochain sont des thèmes récurrents ici. Certaines scènes sont très touchantes, d'autres dignes d'un véritable one-man show. Plus les pages défilaient et plus j'étais séduite par cette histoire admirablement décrite et dévoilée. Pour finir, j'étais triste de quitter ces personnages. J'avais presque l'impression qu'ils étaient réels et qu'une Madame Beauvillier habitait quelque part dans un trou perdu de France. Chacun nous a dévoilé une partie de soi qui fait que l'on s'attache à lui. Et c'est ça qui est merveilleux.
Andrew est un homme extraordinaire et j'aurais aimé avoir une telle personne dans mon entourage. Bienveillant est le mot qui le caractérise le mieux. Et puis cette manie de se mêler de tout, même de ce qui ne le regarde pas... J'adore. Tous le monde à ses vices, dit-on. C'est un personnage terriblement attachant qui nous donne envie d'aimer la vie.
Au début, je voyais l'arrivée des occupants du domaine d'un oeil assez... indifférent. Mais plus les pages défilaient et plus ils nouaient des liens entre eux, des liens auparavant inexistants. Mais notre bon vieux Andrew parvient lentement à donner vie à cette maisonnée. Il devient le ciment de cette famille singulière et apporte une véritable bouffée d'air frais.
J'ai aimé Odile, pour son caractère de crocodile mal réveillé et son amour tout maternel pour Mephisto. J'ai aimé Philippe Magnier et ses airs bougons, ses chamailleries typiquement enfantines avec Andrew et ses réflexions loufoques. J'ai aimé Manon et ses problèmes si proches des nôtres, sa fragilité et son envie de bien faire (je me suis énormément retrouvée en elle).
J'ai aussi apprécié Madame Beauvillier, même si elle reste en retrait par rapport aux autres.
Ce sont des personnages uniques mais aussi très réalistes. Il n'y a pas de capacités extraordinaires ou de destin épique ici. Non, ce sont des gens de la vie de tous les jours qui ont besoin d'aide pour se construire une existence plus belle.
Mr Legardinier a un don pour décrire subtilement une évolution faite d'amour, de fraternité et de bonté d'âme. Son style m'avait manqué, ses idées délurées aussi. Quand je tournais les pages, j'oubliais mes propres problèmes, chaque ligne me faisait prendre la vie avec plus de légèreté et plus d'humour. De plus, les chapitres sont très courts, ce qui rend la lecture plus facile et rapide.
En résumé, même si Complètement cramé est dans la même veine que Demain j'arrête ! il n'en ai pas moins différent. Le contexte n'est pas le même, mais le plaisir que l'on en tire est tout aussi intense ! Je peux dire à présent que les ouvrages de cet auteur sont une valeur sûre et c'est certainement ZE révélation de l'année 2014. Un univers de tous les jours, mais des personnages uniques. |
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